jeudi 30 juin 2011

Deep Impact II

Un astéroïde est passé cette semaine à proximité immédiate de la Terre à quelque 12 000 km au-dessus de l’océan Atlantique. La distance séparant la Terre de la Lune, pour exemple, étant de 384 400 km, on se rend bien compte combien la distance est infime. 

Ce qui nous amène à nous poser cette question essentielle : si jamais le scénario de Deep Impact (Mimi Leder, 1998) devenait réalité, quel pays serait le plus touché ? Si jamais vous êtes britannique, américain* ou chinois, vous pouvez commencer à vous préparer. En effet, des experts britanniques ont récemment dressé une liste des pays susceptibles de subir le plus de dégâts matériels et/ou de pertes humaines. Le résultat concerne surtout les pays développés, mais des Etats comme la Chine, l’Inde ou l’Indonésie sont aussi cités étant donné leur large population.

Le Top 10 comprend : la Chine, l’Indonésie, l’Inde, le Japon, les Etats-Unis, les Philippines, l’Italie, la Grande-Bretagne, le Brésil et le Nigeria.

A noter que l’astéroïde en question, 2011 MD, était de petite taille (5 à 20 m). Il n’avait donc aucune chance de provoquer un quelconque cataclysme en entrant dans notre atmosphère : il aurait tout simplement été désintégré. C’est la seconde fois qu’un astéroïde s’approche aussi près de notre planète : en février dernier, 2011 CQ1 était passé à 5 471 km. Bien sûr, c’est sans compter sur les astéroïdes qui ont déjà percuté la Terre : comme en 1908 dans la toundra sibérienne en Russie, ou encore il y a 65 millions d’année et provoquant l’extinction des dinosaures…

Avant de parler de nos chances de survivre face à un E.L.E. (Extinction Level Event), citons tout de même Larry Niven :
The dinosaurs became extinct because they didn't have a space program. And if we become extinct because we don't have a space program, it'll serve us right!
 … et qui plus est, ça donnera de la matière à ce blog !

* Les Américains sont certainement déjà au  courant : ils ont l’habitude. Dans Deep Impact, le plus petit morceau de l’astéroïde menaçant la Terre tombe dans l’atlantique. Quant à l’autre, il est censé tomber au Canada. Pour les amateurs, il y a aussi Armageddon (Michael Bay, 1998).

mercredi 29 juin 2011

Les Etats-Unis ! combien de satellites ?



L'Union for Concerned Scientists vient de mettre à jour sa base de données sur le nombre de satellites en orbite autour de la Terre (cf. les actualisations régulières de la UCS Satellite Database). La flotte mondiale est aujourd'hui toujours composée pour près de la moitié par des satellites de nationalité américaine.

Sur 966 satellites en orbite, les Etats-Unis en possèdent 443 (parmi ceux-ci, 10 seraient civils, 118 appartiendraient au gouvernement, 121 aux militaires et 194 au secteur privé). Ce qui est plus de quatre fois supérieur au nombre de satellites russes (101) et un peu plus de six fois à ceux de la Chine (69). En 2010 à la même période, avec 943 satellites en orbite, les proportions étaient rigoureusement les mêmes. En 2001, la part américaine était aussi sensiblement similaire. Ces chiffres laisserait penser que la supériorité américaine dans l'espace a été constante tout au long de la décennie et n'est pas prête à céder le pas face aux autres pays.

Pour le reste, les statistiques témoignent de l'importance croissante des investisseurs commerciaux privés en orbite géostationnaire (GEO, 36 000 km). En orbite basse (LEO, 2 000 km), là où les satellites sont les plus nombreux, les gouvernements restent les premiers occupants. Bref, malgré les récents développements, l'Etat reste l'acteur prédominant dans l'espace.

mardi 28 juin 2011

X-37B : les Etats-Unis, le reste du monde et le mystérieux avion spatial

 
L’X-37B, un appareil signé Boeing (B désignant la version militaire, A la version civile), a commencé à défrayer la chronique l’année dernière lorsqu’il est apparu dans le ciel de Californie après 7 mois passé en orbite. Cette année encore, d’autres tests ont eu lieu relançant les rumeurs à propos du « drone spatial ». 

La finalité de cet engin spatial de l’USAF est encore floue. Sa nature et son coût sont secrets. Seules ses dimensions sont connues : avec près de 3m de haut pour une longueur de 9m et une étendue de 5, il pèse 5 000kg. Le X-37B ressemble à une navette spatiale en miniature : il s’élance dans l’espace caché dans une fusée Atlas V et atterrit comme un avion. Plus largement, le X-37 est le dernier héritier d’une longue série d’avions spatiaux…

Si ce véhicule est confirmé, il pourrait signaler le début de l’arsenalisation de l’espace. C’est du moins ce que certains spécialistes prédisent au vue des réactions internationales très négatives. (Mais la même chose était vraie de la navette spatiale qui inquiétait fortement les militaires soviétiques.) Diverses sources peuvent en témoigner. 1) Chinoises d’abord : récemment, la Chine a annoncé avoir conduit sa propre expérience de vol d’un avion spatial. On peut en douter étant donné le retard technologique chinois (notamment pour ce qui est de la space awareness, un préalable indispensable dans ce cas présent) mais on peut tout de même en conclure qu’il s’agit d’une réponse directe aux tentatives de space dominance américaine. 2) Russes ensuite : là encore, des rumeurs existent. De ce côté-ci, la chose peut sembler un peu plus crédible et l’héritage soviétique est là pour en témoigner. Le problème est plutôt du côté de la volonté politique : il n’y a tout simplement pas d’argent.

Encore qu’une autre raison existe. Quelle utilité cet engin peut-il avoir ? Pour l’USAF, officiellement, il s’agit d’un laboratoire volant fabriqué en vue de tester certaines nouvelles technologies. Mais pour d’autres, il est plus que cela : le X-37B serait un drone espion volant à très haute altitude, capable de mettre en orbite de petits satellites très rapidement et pour un coût modique. Furtif, capable de s’attaquer aux satellites en orbite ou larguer des bombes depuis l’espace… la liste est longue. Car on ne sait rien*. Et c’est justement le problème : si les tensions sont à ce point exacerbées, c’est parce que le reste du monde est incapable de vérifier ce que font les Etats-Unis dans l’espace. Peut-être que plus de transparence pourrait réduire les sentiments d’insécurité dans le monde. Tel est d’ailleurs le programme qu’Obama a lui-même implanté…

* Au temps pour les experts américains. Pour Laura Grego de l’UCS, « [w]ith the current emphasis on cutting budgets and getting the most for our tax dollars, the space plane is an extravagant system without a convincing mission ». Pour David Axe, l’alternative est la suivante : « One, the Air Force is stupid and doesn’t realize the X-37 is a second-rate vehicle for mucking about in space. Or two, the X-37 is capable of something — or a mix of things — we outsiders haven’t yet imagined. Russia and China sure think so ». On en revient en fait à l’explication officielle : pour David Wright de l’UCS, « maybe the system is more technology-driven than mission-driven ».