lundi 31 octobre 2011

Stratégie spatiale… ou stratégie globale ? Conclusion (1)


12 principes il y avait, un dernier il reste : il faut « contribuer à la stratégie globale » (p. 262). Mais laissons la parole à l’auteur :
Autant il est nécessaire de former et d’entretenir des experts en questions spatiales, autant il serait néfaste de penser la stratégie spatiale d’une façon totalement autonome, décorrélée de la stratégie globale (p. 262)
… l’utilisation des moyens spatiaux doit donc s’inscrire dans la stratégie générale des Etats (p. 263)
… il ne faut surtout pas perdre de vue que la stratégie spatiale ne constitue pas une fin en soi, car celle-ci doit contribuer avec efficience au succès de la stratégie générale (p. 264)
John Klein ne dit évidemment pas autre chose :
Space warfare should not attempt to become something it is not. It is merely a subset of general warfare, just as land, sea, and air warfare are (p. 115-6)
… space warfare is a concern for all warfare specialties. So those in the Army, Navy, Marine Corps, and Air Force are to some extent already players in the realm of space warfare. Such an observation highlights the need for both military professionals and government policy makers to become more cognizant of the proper role of space warfare in supporting military strategy and the broader national grand strategy (p. 153)
Ce qui est dit ici n’est en rien nouveau. L’espace s’inscrit dans un cadre plus global, comme d’ailleurs le cyber si nous en croyons Stéphane Dossé et Olivier Kempf. Mais comme l’a montré Jean-Luc Lefebvre tout au long de son ouvrage, comprendre les opérations futures dans l’espace, c’est considérer la guerre des étoiles à la fois, vers l’espace, depuis celui-ci et dans celui-ci, tout en rappelant le contexte de la guerre vue comme un tout.

En conséquent, « Space forces must […] operate in concert with other military forces » (p. 49), il faut « envisager l’emploi de l’espace dans un cadre interarmées, de manière pragmatique et en fonction du contexte propre à chaque engagement » (p. 266). En cas de guerre, c’est l’ensemble des efforts de toutes les capacités militaires qui est requis, sans que l’espace y joue nécessairement le rôle dominant. Comme l’écrit Colin Gray : « Notre argumentation est que la grammaire inhabituelle et évolutive des opérations spatiales sera subordonnée au but politique et aussi aux caractéristiques qui constituent la nature objective de la guerre » (p. 296).

Cela sera en tout cas certainement vrai tant que l’être humain vivra en majorité sur Terre. Et donc en attendant un quelconque renversement, « jusqu’à ce que des colonies humaines numériquement et économiquement importantes ne se déploient en mer, dans les airs ou dans l’espace, le centre de gravité stratégique des conflits demeure terrestre » (p. 116). Après ? eh bien, il y a toujours la télévision pour imaginer ce qu’il en sera…

 
Quand l’humanité devient une espèce « spatiale », « errante » !