Je vous annonce la tenue, le 29 mai prochain, au CNES à
Paris, de la 8eme conférence Géoéconomie organisée par l’Institut Choisel.
Les sujets d’intérêts ne manqueront certainement pas : qu’il
s’agisse de la nouvelle course à l’espace, ou devrais-je dire du « capture the flag
moment » pour reprendre les mots du président Obama, disputée par les
nouvelles sociétés commerciales, ainsi de SpaceX
dernièrement, ou de manière plus large, des multiples questionnements
géopolitiques et de prestige relatifs au renouvellement, ou non, des ambitions
américaines, aux futurs plans russes
ou encore aux décisions chinoises concernant l’évolution de leur programme
habité (Shenzhou, Tiangong, etc.), et j’en passe...
A noter que cette conférence, gratuite et ouverte au public,
sera organisée à l’occasion de la parution du numéro de printemps de la revue Géoéconomie que coordonne Xavier
Pasco (FRS) et que signent plusieurs contributeurs prestigieux, dont le président du CNES.
Tôt ce matin, la société américaine SpaceX a procédé avec
succès au lancement de la capsule Dragon
portée par la fusée Falcon 9. Dix
minutes après que celle-ci se soit arrachée de son pas de tir de Cape Canaveral,
Dragon atteignait en effet l’orbite
terrestre. Une fois les deux grands panneaux solaires déployés, la capsule était
enfin prête pour conduire la première mission privée à destination de la station
spatiale internationale (ISS).Selon @elonmusk,
« Falcon flew perfectly!! Dragon in orbit, comm
locked and solar arrays active!! Feels like a giant weight just came off my
back :) »
L’événement est à l’image de l’attention
populaire dont cette re-conquête de l’espace fait l’objet. Le lancement de ce
matin a été largement suivi sur internet, qu’il s’agisse du site de retransmission
par webcam de la NASA ou de l’émission spéciale organisée par SpaceX. Sur
Twitter, #DragonLaunch
est également passé au premier rang des tendances mondiales durant plusieurs minutes, suivi de
près par International
Space Station. Il faut dire que le lancement interrompu samedi dernier à la
toute dernière seconde, après détection automatique d’une anomalie au niveau d’un
des neufs
moteurs du premier étage Merlin du lanceur, a tout fait pour créer le
suspens.
Il faut aussi rappeler que la mission de
2012 – repoussée à maintes reprises – est historique :
d’ici vendredi Dragon pourrait très
bien devenir le premier vaisseau privé à s’amarrer à l’ISS, n’étant précédée que
par les Etats-Unis, la Russie, le Japon et l’Europe. Dans quelques jours, les deux
astronautes européen et américain, André Kuipers et Don Pettit, seront ainsi chargés
d’attraper la capsule avec le bras robotique canadien de l’ISS. Cette opération
– longue et précise – devrait démontrer que, avec ce second vol de Dragon, le troisième pour Falcon, SpaceX maîtrise les conditions d’amarrage
à l’ISS. Qui plus est, contrairement aux ATV
européens, HTV japonais ou Progress russes, Dragon ne sera pas brûlée dans l’atmosphère terrestre. Encore que
cette ultime partie ne soit qu’une répétition : l’entreprise de Elon Musk
a déjà accompli
cette prouesse en devenant en 2010 la première compagnie privée à récupérer
sa capsule tombée depuis l’espace, chose qui n’avait été réalisée que par six
pays.
SpaceX est de fait la société spatiale commerciale
la plus avancée. Après dix d’existence et un milliards de dollars dépensé, elle
a désormais plusieurs
contrats à son actif. Dans le cadre de COTS, la NASA a ainsi commandé douze
vols à l’entreprise pour une valeur de 1,6 milliards de dollars. Cette dernière
se situe également dans une excellente position pour remporter le marché du
transport d’astronautes américains vers l’ISS, l’enjeu véritable aujourd’hui
alors que les Etats-Unis sont dépendants des Soyouz russes. La société californienne a bénéficié
pour cela des largesses financières de la NASA, ainsi que de son expertise
technique. Selon l’Agence spatiale américaine, à terme, le coût sera 4 à
10 fois moindre dans le cadre d’un partenariat public-privé que si jamais la
NASA avait financé directement, comme par le passé, cet effort là.
Elon Musk vise cependant plus haut. D’ici 5 ans, il a affirmé qu’il ferait un vol orbital en compagnie des premiers touristes de l’entreprise.
Cela équivaudrait à quitter l’atmosphère terrestre avant que le vaisseau Orion de la NASA ne soit achevée. Si ce
calendrier de 2017 est maintenu, SpaceX pourrait entreprendre des séjours plus
ambitieux au-delà de l’orbite terrestre d’ici 2019-2022.
Pour, contre l’exploration de l’espace ? Il n’y a sans
doute pas de réponse définitive ni d’ailleurs exclusive. Les justifications
sont de fait nombreuses et multidimensionnelles, certaines construites a posteriori, d’autres anticipées. Le
blog allié Le Fauteuil de Colbert met par
exemple en avant, non sans évoquer une certaine proximité intellectuelle avec
la thèse astropolitique,
une argumentation géopolitique sur la base du contrôle des ressources et des
lignes de communication. Un tel schéma n’a rien d’inévitable. La coopération
peut l’emporter sur la compétition, tout comme de nouveaux acteurs peuvent
s’engouffrer dans la brèche et prendre le pas sur les Etats : le
néomédiévalisme est après tout populaire aussi bien IRL qu’au cinéma (Alien, 1979-1997 ou Avatar,
2010 parmi ceux déjà cités, Dune,
1984 ou Blade Runner, 1982 parmi les
autres).
Des six raisons décrites précédemment, je vous l’accorde les
trois
premières peuvent aisément être balayées. Mais seulement parce que
l’argument d’autorité, à la fois ad
verecundiam (respect) et ad potentiam
(pouvoir) si j’en crois mon Schopenhauer
préféré, l’emporte. Qui suis-je en effet pour oser me mesurer au grand
président américain, John F. Kennedy :
« But why, some say, the moon?Why choose this as our goal? And they may well ask why climb the
highest mountain? Why, 35 years ago, fly the Atlantic? Why does Rice play
Texas?We choose to go to the moon in this
decade and do the other things, not because they are easy, but because they are
hard, because that goal will serve to organize and measure the best
of our energies and skills, because that challenge is one that we are willing
to accept, one we are unwilling to postpone, and one which we intend to win,
and the others, too »
Cette « can-do »
attitude que l’Amérique projette face au reste du monde, les astronautes
l’incarnent au niveau de la société. Tom Wolfe a su mieux que personne décrire
ce dédoublement. Comme je l’indiquais dans un précédent
billet, le personnage central de son ouvrage
est en effet autant le groupe des « Original Seven » que l’Amérique
elle-même : The Right Stuff s’adresse à la fois aux aviateurs et
astronautes qui cherchent à « pushing the outside of the envelope »
de leurs appareils et aux Américains « left behind » en lutte
avec l’URSS pour la suprématie technologique et morale dans l’espace. Dès lors
un héros peut-il avoir peur de mourir ? « They had volunteered to sit
on top of rockets – which always blew up! They were brave lads who had volunteered for a suicide mission! […] And
all the questions about wives and children and faith and God and motivation and
the Flag… they were really questions about widows and orphans… and how a
warrior talks himself into going on a mission in which he is bound to die ».
De ce point de vue, le mythe de l’espace comme nouvelle frontière est validé
par deux fois : l’expérience est à la fois collective(-iste), et individuelle(-iste).
Ainsi, selon les propres mots
du président Johnson, « If there is
an ultimate truth to be learned from this historic flight, it may be this:
There are few social or scientific or political problems which cannot be solved
by men, if they truly want to solve them together ». Quant aux
astronautes, confrontés à un danger pour leur propre vie, ne collent-ils pas à
l’image du cowboy, un brin individualiste mais courageux et résolu, coupable en
cela d’un « true grit » pour reprendre l’expression consacrée qui,
récemment encore, était portée
sur nos écrans. (Est-ce d’ailleurs pour cela que l’univers de la NASA et des
autres agences spatiales est si profondément misogyne ?)
Cette image est brillamment reprise dans Space Cowboys (2000)de Clint Eastwood. Très brièvement : le film montre un
équipage de retraités prendre le chemin des étoiles afin de réparer un vieux
satellite russe dont plus personne ne connaît les plans, et qui se révèle être,
ultime vestige de la guerre froide, un magasin à têtes nucléaires.
L’originalité est en effet ailleurs : Space
Cowboys parvient à récréer la tension existante entre les vieux
« frontiersmen » qui ont la connaissance et la compétence nécessaires
à la « conquête » de l’espace, mais qui sont en dehors du système, et
les jeunes « organization men » qui dominent le deuxième âge de
l’espace. Seuls les premiers – les pionniers – montreront leur capacité à
lutter contre les événements et, finalement, à « (re-)conquérir »
l’espace, y compris au prix du sacrifice.
Ceci étant dit, il nous faut admettre que les trois
arguments suivants sont a priori plus
difficiles à opposer. Ce serait sans compter sur la science-fiction et le
cinéma, aussi facilement coupables d’irresponsabilité lorsqu’il s’agit de
traiter avec les « méchants aliens », qu’ils ne s’embarrassent des
problématiques éthiques lorsqu’il est question des « gentils
indigènes ». Et de fait, pour prendre deux exemples récents, ni Jake Sully
(Avatar, 2010), ni John Carter (John Carter, 2012) ne semblent se
préoccuper un seul instant de la réaction de la tribu locale ou de l’amoureux
éconduit après le « ravissement » dont leurs femmes/princesses, Neytiri
et Dejah Thoris,
font l’objet. Au moins John Dunbar/Danse avec les Loups
était-il plus « honnête » en prenant pour femme une indienne
« blanche ».
Certes le héros intergalactique, un Pâris finalement plus
sensé que l’original, finit par intégrer la nouvelle tribu, renonce et à sa
patrie (John Carter est Warlord of Barsoom, ainsi que père d’un
enfant né d’une union mixte) et à son humanité (Jack Sully fait plus fort et
devient un Na’vi au sens physique du terme). Pour autant, c’est également ici
que l’on voit comment le futur rejoint le passé, la science-fiction, la fiction
pré-historique (qu’il s’agisse de la Guerre du feu, 1981, de 10 000 BC, 2008 ou de Pourquoi j’ai mangé mon père) et comment
l’exploration du monde et de l’univers est une chose plus simple à comprendre
que nous l’aurions crue. Alors, résumons : le goût du risque et du sexe
faible ; est-ce tout ?
Que l’on me permette de finir sur une analogie avec le
fameux épisode de la « grotte
du Mal » dans Star Wars, épisode
V : L'Empire contre-attaque (1980). « What’s in there ? » demande l’apprenti au Maître Jedi. « Only what you take with you! » (« Seulement ce que tu y apportes »).
Ainsi, bien que Maître Yoda ait expliqué à son jeune apprenti l’attrait du côté
obscur (« Anger, fear, aggression...
easily they flow, quick to join you in a fight »), Luke Skywalker se
décide à entrer dans la grotte armé de tout son équipement (sabre et pistolet), agressif et
prêt à en découdre, d’où l’apparition de Dark Vador et le duel et la terrible
découverte qui s’en suivent.
Il en est de même de l’exploration de l’espace. Aller dans l’espace,
c’est découvrir l’humain qu’il y a en nous, au sens où « le faire est un
révélateur de l’être » mais également parce que, pour reprendre les mots
de Carl Sagan, « Spaceflight
speaks to something deep inside us ». Il contient « a new recognition, still slowly overtaking us, of our coordinates, our
place in the Universe – and how, even if the call of the open road is muted in
our time, a central element of the human future lies far beyond the Earth ».
Encore
que comme Sam (Moon, 2009) ou Kris (Solaris, 1972) le ressentent bientôt, il
y a quelque chose de pire que d’être seul dans l’espace… n’être pas seul. Certes, Wallace et Gromit
(A Grand Day Out, 1989) ont la chance de tomber
sur un être relativement bienveillant. Même s’il fait l’expérience des geôles
de la terrible Reine Yllana, l’équipage de Queen in Outer Space (1958) n’est pas totalement
malheureux non plus. Il faut dire que les premiers s’établissent
sur la Lune, qui comme chacun sait est un immense fromage, pour y piqueniquer, et
que le second fait une découverte terrible ô combien désagréable en débarquant
sur Vénus. Inutile de dire que
tout le monde n’est pas aussi fortuné.
Les astronautes d’Apollo 18 (2011) pourraient en témoigner s’il n’était déjà trop tard pour
leur poser la question. De ce point de vue, John Crichton, dans la série
télévisée Farscape (1999-2003), est plus heureux, mais son calvaire est également
beaucoup plus long et sa détresse manifestement immense. Comme l’indique l’introduction : « My
name is John Crichton, an astronaut... a radiation wave hit and I got shot
through a wormhole... Now
I’m lost in some distant part of the universe on a ship -- a living ship -- full of strange, alien
life forms... Help me... Listen, please. Is there anybody out there who can
hear me? I'm being hunted by an insane military commander... doing everything I
can... I’m just looking for a way home. »
5) Bien plus qu’un
voyage
Mais
il y a bien plus en jeu que la simple survie de ces « envoyés de l’humanité »
que sont les astronautes. Sur les épaules de ces derniers repose en effet l’avenir
de notre planète. Du moins si l’on en croit Hollywood. La saga Alien
(1979-1997), y compris
la préquelle qui arrive cette année dans les salles, n’est ainsi pas autre
chose qu’une course de vitesse pluriséculaire engagée par deux races, l’humanité
– incarnée par Sigourney Weaver/Ellen L. Ripley – et des créatures aliens particulièrement
redoutables, et dont le prix n’est rien moins que la Terre elle-même. La série Stargate et ses multiples versions
(1997-2011) est plus explicite encore. Une fois la Boîte de Pandore ouverte, i.e. l’exploration de l’espace
entamée, aucun retour en arrière n’est possible. Symbolisée par la maîtrise de
la technologie de la « porte des étoiles » (Stargate, 1994), cette problématique
apparaît dès les premiers instants de la série
lorsqu’un E.T. franchit agressivement la porte et menace donc directement la
Terre. La franchise développe sur ce thème du « dilemme de sécurité »
en passant d’un ennemi ontologique à un autre, ainsi des goa’uld, des Ori (Stargate
SG-1) et
des Wraith (Stargate Atlantis).
Pour vivre heureux, vivons
cachés ? Ce cliché philosophique possède aujourd’hui des résonances intergalactiques
insoupçonnées, positives (Contact, 1997) ou négatives (Battleship, 2012). L’impact n’est d’ailleurs
pas que cinématographique : rappelons que les sondes Pioneer (10 et 11) et Voyager (1 et 2) emportent en leur sein des cartes du système de
solaire.
6) Des interrogations
éthiques
Le questionnement devient donc éthique.
Une fois encore SETI
domine la littérature et le cinéma de science-fiction. Ainsi d’une rencontre
avec une intelligence supérieure. Dans 2001: A Space Odyssey (1968), la découverte de TMA-1, le monolithe
noir enfoui dans le cratère de Tycho, va bouleverser l’histoire de l’humanité.
De quoi réfléchir aux conséquences du voyage spatial puisque le moindre
développement est sans doute l’apparition d’une nouvelle espèce, explicite dans
2010: Odyssey Two (1982 pour le
livre, 1984 pour le film). Il en est de même dans le cas d’une confrontation
symétrique. Dans Ender’s
Game et ses suites,
l’humanité, obligée de déclarer la guerre à une race extra-terrestre, se retrouve
avec un génocide sur les bras et un véritable traumatisme dont le passage des
millénaires et la colonisation continue de la galaxie ne parviendront pas à
effacer totalement le souvenir. Naturellement, la réflexion n’est que plus
forte lorsqu’il est question de rencontre asymétrique. Certains penseront à Avatar (2010). Pour ma part, je
préfère m’appuyer sur le Voyage dans la Lune (1902) de Georges Méliès.
En effet, à voir l’image de notre satellite transpercé par une fusée, n’y
a-t-il façon plus violente de débuter l’aventure spatiale ? La suite n’est
guère mieux, la rencontre avec les Sélénites – de bien fragiles créatures –
tournant rapidement à la bagarre.
La question du traitement des « indigènes »,
quelle que soit leur forme, n’est pas que fictionnelle. Les sondes que nous
envoyons dans l’espace sont soumises à des processus de stérilisation sévères :
il s’agit en effet d’éviter d’amener, par exemple sur Mars, des microorganismes
terrestres capables de contaminer la planète, de détruire les formes
éventuelles de vie, etc. et, il est vrai, de fausser toutes mesures. Dans cette
perspective, que penser de la terraformation ? Sous prétexte qu’aucune vie
intelligente n’y réside, l’univers nous appartient-il ? La survie de l’espèce
humaine, l’élément déclencheur dans Red Planet (2000), est-elle une
raison suffisante ?
… à moins que comme Hercule-enfant des serpents ne viennent
nous chercher noise – il est vrai un poncif du cinéma hollywoodien de
science-fiction, qu’il s’agisse d’extra-terrestres
désireux d’étendre leur Lebensraum au
détriment de nous autres humains (Independence
Day, 1996 ; Transformers, 2007-2011; Skyline, 2010 ;Battle: Los Angeles, 2011 et
récemment encore Battleships,2012) ou d’astéroïdes pressés
de bousculer une fois encore la Terre et ses habitants (Armageddon, 1998 ; Deep Impact, 1998 ou de
manière plus originale Melancholia, 2011). Pourquoi,
pourquoi ne pouvons-nous pas rester sur Terre ?
Ce qui suit se veut bien entendu léger et amusant. Pour
autant notre interrogation est loin d’être gratuite : la question est
après tout légitime et vaut la peine d’être posée. L’exploration spatiale
repose en effet sur les épaules du contribuable et doit donc en conséquence
faire l’objet d’un débat au sein de la Cité. Encore que les termes de celui-ci soient légèrement biaisés : contrairement à la vision défendue par
quelques-uns, ainsi de Carl
Sagan et de Wernher
von Braun, l’avenir spatial de l’humanité n’a rien d’inévitable ni de
naturel. Une telle image ne peut reposer que sur une construction qui, pour
être agréable, n’en est pas moins artificielle, comme l’extraordinaire récit
produit par le politologue américain Howard E. McCurdy, Space and the American Imagination,
peut en témoigner.
Sans plus attendre…
1) (Dure) retour à la
réalité
L’espace n’a rien de romantique. Bien entendu l’analogie de
la Nouvelle Frontière nous a préparé aussi bien à l’idée que la conquête du
cosmos est faisable, qu’à celle selon laquelle elle ne sera pas pour autant
facile. Et nous en apprenons tous les jours sur ce très vaste et largement
inexploré sujet de l’adaptation
humaine à l’espace : outre les problèmes psychologiques inhérents à la cohabitation
dans un espace contigu et étroit (tensions
entre explorateurs, routine des repas où la nourriture n’est pas très variée,
confort étranger à la vie terrestre – hygiène, sommeil, etc.), auxquels
s’ajoutent l’éloignement de la Terre et la difficulté de communication avec
celle-ci, existent également les quelques impondérables physiques auxquels nous
autres pauvres mammifères ne sommes pas habitués (vie en faible
gravité, mal de l’espace, conséquences musculaires et squelettiques).
Reste que l’avènement de l’Homo Cosmos ne peut pas tout résoudre : en effet, le voyage
spatial peut aussi réserver de mauvaises surprises en lui-même. Ainsi, Han Solo a beau disposé
d’un magnifique Faucon Millenium qu’il répare, avec
l’aide de son fidèle second, Chewbacca, au fond de son garage, comme vous et
moi le feriez de votre moto ou de votre voiture, la réalité est bien
évidemment différente. Et de ce point de vue, la fiction a encore beaucoup à
faire pour rattraper les faits même si l’effort est apprécié, que celui-ci ait
pour objet les alentours de la Lune, avec l’équipage de Destination Moon (1950) ou Tintin
et ses amis (1954), ou de Mars, avec les astronautes de Mars-1 victimes d’une éruption solaire aussi
soudaine que violente dans Red Planet (2000) ou ceux de Mars-II pris
au piège d’une pluie de météorite dans Mission to Mars (2000). La preuve,
un film a même été produit : Apollo 13 (1995). Pour rappel, la mission Apollo 13 a décollé le 11 avril 1970 de
son pas de tir en direction de la Lune. Elle n’a cependant jamais pu atteindre
sa destination ; en cause : l’explosion de l’un des réservoirs d’oxygène. L’appel
lancé par l’astronaute Jim Lovell est resté célèbre : « Houston,
we‘ve had a problem ». Tout aussi fameux a été l’exploit qui a
consisté à ramener l’équipage sain et sauf, en lui faisant faire, non pas un
demi-tour, mais un survol orbital de la Lune afin de donner l’impulsion
nécessaire au vaisseau pour rentrer sur Terre.Pour Lovell, Apollo
13 a été « a successful failure »
; pour les Américains, paradoxalement, cela n’a rendu que plus forte la
confiance en la NASA et en ses « space
geeks » que sont les ingénieurs du programme spatial américain.
3) Un voyage solitaire
Il faut cependant noter que le trio d’astronautes d’Apollo
18(2011) n’a guère fait mieux. La raison est à chercher ailleurs, du
côté d’un film bien meilleur dont la suite est d’ailleurs attendue cette année : Alien (1979) ; tout simplement, le fait que « in
space, no one can hear you scream ». Encore que la vérité soit plus
terrible encore : dans l’espace, la solitude nous guette. Telle est ainsi l’expérience
vécue par Sam Bell, un employé d’une entreprise d’extraction d’hélium 3, dans Moon (2009). Telle est aussi, et de
manière beaucoup plus intéressante à mon avis, l’histoire que raconte Solaris (1972), un film réalisée par Andreï
Tarkovski dans lequel le héros entretient une relation avec une entité intelligente
qui le dépasse et des souvenirs qui deviennent réalité.
Pour la seizième édition des Cafés stratégiques, le 10 mai
prochain, l’Alliance géostratégique vous invite à venir nombreux écouter Eric Freyssinet,
en charge de la lutte contre la cybercriminalité au pôle judiciaire de la
gendarmerie nationale et auteur du blog Criminalités numériques, qui
interviendra à titre personnel.
Le thème de la soirée sera consacré aux « Traques sur
le Net », l’occasion d’aborder les questions de cybercriminalité,
ainsi que les méthodes utilisées par les forces de l’ordre dans le cyberespace. Comme pour les éditions précédentes, ce Café stratégique aura lieu à partir de
19h au café Le Concorde, 239 boulevard
Saint-Germain à Paris (métro Assemblée Nationale). Entrée libre bien évidemment, l’achat d’une consommation – pensez à
notre hôte – est cependant recommandé.
J’ajoute la tenue le 14 mai à l’Ecole militaire d’un
colloque intitulé « Se révolter au XXIe siècle » auquel plusieurs alliés
participeront. L’information est disponible ici sur le site de l’Alliance.