A la demande de l’Office parlementaire d’évaluation des
choix scientifiques et technologiques (OPECST) au nom duquel M. Bruno Sido (UMP
– Haute-Marne) et Mme Catherine Procaccia (UMP – Val de Marne) avaient rédigé
un rapport
d’information présenté à la presse en novembre dernier, les sénateurs ont débattu
ce mardi 26 mars de l’avenir de la politique spatiale européenne.
Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et
de la recherche du gouvernement Ayrault, était présente. Dans les tribunes, il
y avait également l’actuel PDG d’Arianespace et candidat à la présidence du
CNES, Jean-Yves Le Gall, dont la nomination à la succession de Yannick
d’Escatha devrait être confirmée sans surprise d’ici le 10 avril.
Au-delà des inévitables lieux communs, plusieurs questions ont retenu l’attention des sénateurs
alors que les Etats membres de l’ESA, réunis à Naples en octobre 2012 dans un
contexte budgétaire crispé, ont alloué 10 milliards d’euros sur les trois
prochaines années et entériné l’évolution – défendue par la France – vers
Ariane 6. Parmi les principales, nous noterons la nécessité de « clarifier
le millefeuille de la gouvernance de l’Europe spatiale » et garantir le
financement du programme de l’Union européenne GMES, de même que celle – tout
aussi vitale – de poursuivre le soutien à l’industrie face à une concurrence
internationale qui s’accentue dans tous les domaines (satellites
tout-électriques, lanceurs, etc.) et vient menacer le maintien des emplois,
activités et compétences en France et en Europe.
Le besoin de mieux familiariser les Français et les
Européens aux efforts consentis en faveur de la politique spatiale est revenu à
plusieurs reprises (de même que celui de faire participer le parlement aux grandes décisions). Quelques chiffres valent plus que de grands discours :
si l’effort spatial européen ne coûte en moyenne que 10€ par an et par habitant,
pour un euro investi, ce sont 20€ de richesse qui sont créés. A noter que le
citoyen français finance la plus grande partie de l’effort spatial européen, avec
31€ par habitant, contre 17€ pour l’Allemagne et 6€ pour le Royaume-Uni. A comparer avec les 49€ par an par habitant aux Etats-Unis.
Plus largement, on remarquera – comme l’a d’ailleurs fait un
sénateur – que le consensus prévaut parmi la classe politique en France. La
volonté de préserver l’autonomie d’accès à l’espace est de ce point de vue
exemplaire. Pour la sénatrice des Yvelines, Sophie Primas (UMP), « L’indépendance de l'accès à l'espace est
aussi cruciale que notre autonomie alimentaire ou énergétique. Il y va de notre
souveraineté, mais aussi de notre influence culturelle ». Dans le
contexte actuel d’écriture de la prochaine programmation militaire et alors que
l’activité spatiale militaire a été décrite hier soir comme un aiguillon, le
sens de certaines déclarations n’a sans doute pas été perdu par tout le monde...
A la suite des événements du 15 février dernier, après
qu’une météorite a frappé de manière inattendue la Russie au moment même où un
astéroïde – annoncé lui – frôlait dangereusement la Terre, les membres du
Congrès américain ont demandé à la NASA, à la Maison Blanche, à l’USAF et à
divers autres experts leur avis sur la menace posée par les NEO (Near-Earth Asteroids)
et les dispositions qui étaient prises.
Ces experts ont largement eu le temps de rappeler que les
deux événements cosmiques de février dernier étaient une coïncidence et que les
chances de voir un astéroïde frapper la Terre étaient faibles. Ainsi selon Charlie Bolden, « it is
unlikely that the world will suffer a global catastrophic impact over the next
several hundred years similar to the dinosaur extinction event. » Mais pour
John Holdren de la Maison Blanche, si « The odds of a near-Earth object strike
causing massive causalities and destruction of infrastructure are very small,
[...] the potential consequences of such an event are so large that it makes
sense to take the risk seriously. »
Reste qu’à l’heure où seulement 10% des NEO (astéroïdes >
140 m) ont été identifiés par la NASA, alors que l’objectif fixé par le Congrès
en 2005 était de 90% d’ici 2020, Charles Bolden a
indiqué combien cette mission ne pouvait pas être réalisée dans les délais
impartis compte tenu du budget actuel. « Our estimate right now is at the
present budget levels it will be 2030 before we’re able to reach the 90 percent
level as prescribed by Congress. » « You
all told us to do something, and between the administration and the Congress,
the bottom line is the funding did not come. »
Comme l’indique
l’article de SN, la menace céleste posée par les NEO se heurte en
effet aux réalités budgétaires bassement terrestres, une problématique qui se
trouve être d’autant plus d’actualité maintenant que le couperet du sequester
est entré en application.
Le général
William Shelton a ainsi rappelé combien les coupes budgétaires diminuaient
la capacité des Etats-Unis à générer une bonne connaissance de la situation
spatiale (SSA) et une surveillance efficace des objets géocroiseurs et surtout
des débris orbitaux de toute sorte (accidentels et intentionnels). « We are clearly less capable under sequestration. » « Our dependence on space, not only for our
way of life but also for military operations, is very high, so we would
sacrifice that. »
A l’exemple de Shelton, aucun des intervenants n’a cherché à
agiter le spectre de la menace posée par les NEOs. C’est en réalité l’inverse
qui a prévalu, chacun préférant défendre son pré-carré craignant sans doute
qu’en ces temps difficiles un investissement accru dans ce domaine de la
détection et de la caractérisation des géocroiseurs ne se fasse au détriment de
programmes jugés prioritaires. « We could come out of this hearing and decide
that we really want to pour money into NEO detection and characterization, and
that would not be the right thing to do » a notamment indiqué le
directeur de la NASA.
Image : Astéroïde Apophis Crédits : CNES/Ill. P. Carril.
Il n’est pas trop tard.
Je voudrais signaler ici la parution d’un nouveau hors série DSI spécialement consacré à l’espace,
intitulé « Vers la guerre spatiale ». Et de fait, le propos, découpé
en trois sections (« changements d’époque », « politique
spatiale » et « vecteurs »), suscitera j’en suis certain
l’intérêt et la curiosité du lecteur.
L’amateur trouvera son compte avec des articles variés abordant tour à tour les principaux enjeux du spatial aujourd’hui. Le professionnel appréciera quant à lui le regard des non-spécialistes du domaine qui, malgré certains raccourcis, posent des jalons originaux dans une perspective globale, véritable marque de fabrique de DSI.
J’y contribue pour ma part pas moins de trois fois.
Dans un premier article, je m’intéresse à deux ouvrages
américains que je qualifie comme appartenant à la science fiction dite hard, plus précisément le genre de la
« fiction de la guerre du futur » (future war fiction). C’est vrai sur le plan technique : nous sommes
plus près des écrits de von Braun que des aventures de Buck Rogers, Luke
Skywalker et Barbarella. Ca ne l’est pas moins sur l’aspect politique : le
premier exemple est un techno-thriller, le second un essai géopolitique. Malgré
un horizon temporel différent, Space Wars: The First Six Hours of World War
IIIse passe de nos jours, The Next 100 Years: A Forecast for the 21st
Centurysitue son action – du
moins celle qui nous intéresse – en 2030-2045, tous les deux postulent que
l’arsenalisation de l’espace, ainsi que l’éclatement de la guerre en orbite sont
des événements inévitables auxquels il faut se préparer.
Un second article s’intéresse au concept de l’avion spatial.
La controverse est presque religieuse. Et si j’avoue pour ma part être aujourd’hui fortement sceptique quant à la possibilité de voir l’avion spatial l’emporter
sur le lanceur conventionnel, cela ne m’empêche pas de remettre le
MSP (Military Space Plane) dans son
contexte et d’explorer l’ensemble des options que le concept recouvre. N’en
demeure pas moins que la question est peut-être davantage politique et culturel
que technique. Pour les partisans de l’avion spatial, la continuité entre
l’atmosphère et l’espace ne prête pas à discussion. Bien qu’il s’agisse de deux
milieux différents, les deux peuvent être réunis (le néologisme
« aérospatial ») et un appareil hybride créé : l’avion spatial.
Pour les sceptiques, les deux milieux sont radicalement distincts. Séparés par
des lois physiques différentes, ils nécessitent pour leur exploration et exploitation
des forces autonomes : les plus lourds et plus légers que l’air d’une
part, les satellites et autres « croiseurs spatiaux » maintenus en
orbite d’autre part.
Moins porté sur l’imagination, moins polémique aussi, le dernier article
s’interroge sur la tendance consistant à délaisser les gros satellites (les Battlestars) pour des plateformes plus
petites, moins lourdes et plus flexibles (micro, nano, picosats, etc.). Pour
limitée qu’elle puisse paraître (toutes les missions militaires ne sont pas
compatibles ; pour le moment seules les communications – stratégiques et
tactiques – et la météorologie sont susceptibles d’en faire l’objet), elle est
en tout cas prise très au sérieux par les militaires du Pentagone dans le
contexte budgétaire déprimé actuel. Alors que l’USAF est en pleine redéfinition
de ses moyens spatiaux, la disaggregation, sous toutes ses formes (hosted payloads, essaim,
etc.), serait annoncée pour 2015.
On lira bien entendu les autres contributions. Celle de
Jean-Luc Lefebvre vaut sans doute le détour, ce serait-ce que parce qu’elle est
originale et plaisante à lire. L’entretien accordé par le général Yves Arnaud
du CIE à DSI est lui aussi passionnant, beaucoup plus d’ailleurs – c’est mon humble
avis – que les précédentes interventions effectuées ici et là dans diverses
revues et magazines. Sans oublier les analyses habituelles toujours enrichissantes de
Joseph Henrotin, Benoist Bihan et des autres. Trois points me paraissent
pouvoir faire l’objet d’une mise au point future :
- Le premier concerne le postulat de l’ouvrage lui-même,
soit l’inéluctabilité de la guerre en orbite et qui mériterait très
certainement d’être discutée, ainsi en rapport avec le
contournement de la problématique des débris, l’aspect guerre électronique,
etc.
- Le deuxième touche à l’état de la menace antisatellite :
à parler des projets actuels (ou présumés) chinois et indiens, ainsi que des programmes
hérités de la guerre froide aux Etats-Unis et en URSS/Russie, on en oublie que
beaucoup plus près de nous se trouvent des pays avec des ambitions et des
capacités (la France pour ne pas la citer) et que tout ce qui est ASAT
résiduels vaut aussi la peine d’être explorée (DAMB, etc.).
- Enfin, la vulnérabilité réelle des systèmes spatiaux
mériterait d’être étudiée plus méthodiquement. Pour ne citer que le GPS – selon
un des articles, le centre de la gravité de la puissance militaire américaine
actuelle –, je rappellerais combien cette constellation
est robuste et que sa dégradation ne pourra être, le cas échéant, que
graduelle et dans tous les cas particulièrement complexe.
Spéciale mention enfin pour l’article de Béatrice Hainaut, qui
s’intéresse à l’ISU [full disclosure :
je fais partie de cette communauté]. Au-delà de l’élément de (bonne) surprise,
il me semble néanmoins que l’analyse aurait pu être poussée plus loin ou
agencée différemment je ne sais. Ainsi le relatif désintérêt par rapport aux
questions militaires et ASAT me paraît relever d’un double mouvement :
sincère d’une part, la croyance parfois béate que l’exploration du cosmos (un
objectif en soi (sic) est-il besoin de le rappeler) ne pourra se réaliser
qu’avec la coopération – sinon sous étendard américain, du moins dans le cadre
d’un système de pensée et ensemble normatif américano-centrés – de toutes les
nations du monde et que certaines questions sont plus à même de diviser
que d’unir ; pratique d’autre part, témoignant non seulement d’une stratégie de
survie alors qu’un des principaux bailleurs de fonds est depuis quelque année
la Chine mais aussi et surtout d’un héritage plus technique que politique et surtout critique,
plus problem-solving (optimisme et
techno-déterminisme : la singularité,
le NewSpace, etc.) que auto-réflexif
et contre-hégémonique si l’on me permet d’utiliser cette distinction tirée du néo-gramscisme de Robert Cox (pourquoi, pour qui, plus que comment).
Je ne suis pas d’accord avec tout ce qui est dit, et
certains points exposés par les auteurs mériteraient d’être nuancés. Mais je
recommande tout particulièrement la lecture de cet opus, et pas seulement pour
les articles que j’ai commis !
L’espace, l’ultime frontière de l’Humanité, est aujourd’hui,
après plus de 50 ans d’utilisation, aussi vital pour l’activité économique
mondiale qu’indispensable à notre vie quotidienne. Indispensable, il l’est
aussi à toute armée en opération, car s’il n’y a pas encore de guerre dans
l’espace, il n’y a déjà plus de guerre sans l’espace. L’espace est par là même
devenu le milieu ultime d’application de la stratégie.
Pour comprendre la stratégie spatiale, il faut connaître le
milieu spatial, ses spécificités comme ses limites, et évaluer l’enjeu
stratégique de l’espace pour lui-même et en relation avec les activités
terrestres.
A l’issue de cette réflexion, il devient possible d’imaginer
les possibilités d’un combat depuis, contre et dans l’espace. Colonel de
l’armée de l’air, responsable de programme à l’IRSEM au sein du domaine d’étude
« Pensée stratégique et nouveaux concepts », Jean-Luc Lefebvre s’emploiera à
nous présenter les fondements, les concepts et les principes de la stratégie
spatiale.
Officier de carrière le colonel Jean-Luc Lefebvre a
occupé des fonctions opérationnelles au sein des unités de transmissions de
l’armée de l’air. Dans le cadre d’un détachement au Centre spatial guyanais, il
a également participé à plusieurs lancements de la fusée ARIANE IV comme chef
du département télécommunications. Il a exercé des responsabilités d’officier
de programme (SYRACUSE et SCCOA) et a contribué à la conception de la formation
dispensée au Collège interarmées de défense (CID) avant de rejoindre l’IRSEM en
tant que responsable de programme
Rdv est donc donné le jeudi 14 mars, comme d’habitude au
café Le Concorde, 239 bd Saint Germain, métro Assemblée Nationale, de 19 à 21h. Venez nombreux !
Falaise
budgétaire oblige, sans « jedi
mind-meld » à disposition, l’effet du « sequester » a commencé à se faire sentir pour les agences
gouvernementales américaines, y compris – sans surprise – celles ayant partie
liée avec l’espace. Pour l’année fiscale en cours, la NASA et la NOAA ont ainsi
subi des coupes budgétaires automatiques de 5%, le DoD de 7,8%. Selon un
rapport de l’Office of Management and Budget, la NASA
perdra 896 millions de dollars, touchant principalement, à hauteur de 388
millions, le programme de lanceurs commerciaux qui subventionne SpaceX, Boeing
et Sierra Nevada, à comparer avec un budget total de 17,8 milliards. A
comptabiliser les pertes subies au niveau des programmes spatiaux seulement, la
NOAA
perdra 266 millions. Les coupes « spatiales » ordonnées au DoD ne
sont quant à elles pas disponibles, aucun budget Espace n’existant en tant que
tel.
La fusée indienne PSLV-C20 (Polar Satellite Launch Vehicle)
transportant sept satellites a décollé lundi du centre spatial Satish Dhawan
sur l’île de Sriharikota dans le sud-est du pays. Un satellite franco-indien (CNES-ISRO)
de 346 kg destiné à mesurer le niveau des océans, SARAL (Satellite with ARgos
and ALtika), faisait partie du voyage. Pranab Mukherjee, président indien,
a salué les ingénieurs de l’ISRO qualifiant le tir de “epitome of
Indo-France cooperation in space”. Parmi les six autres charges utiles
placées en orbite, on notera notamment la présence de Sapphire, un
microsatellite développé par MDA entièrement conçu pour suivre la trajectoire
des débris et satellites situés entre 6 000 et 40 000 km autour de la Terre
dans le cadre d’une collaboration entre les forces militaires canadiennes et le
programme américain de surveillance de l’espace. Initiative 100% militaire,
Sapphire est le premier satellite jamais possédé par le Department of National
Defence canadien et une étape majeure dans l’élaboration d’un programme spatial
militaire propre. NEOSSAT, dit le “chasseur d’astéroïdes
dangereux”, de l’Agence spatiale canadienne est également développé en
partenariat avec les militaires : il pourra d’ailleurs le cas échéant être
utilisé en tandem avec Sapphire. Suivent : UniBRITE, aka CanX-3 (Canadian
Advanced Nanospace eXperiments), aka BRITE (BRIght-star Target Explorer), et
TUGsat 1, aka BRITE-Austria, collaborations entre l’Autriche et le Canada,
STRaND 1, phonesat
britannique développé par l’université du Surrey, et AAUSAT3, un cubesat
développé par des étudiants danois. Le poids total s’élève à 668,5 kg. L’Inde
envisage d’effectuer neuf autres tirs cette année.
Après plusieurs jours de rumeurs, Dennis Tito et son équipe
de l’Inspiration Mars Foundation ont annoncé leurs plans
d’envoyer un équipage humain autour de Mars en 2018. Rien sur le coût ni
l’architecture de la mission. Sans doute parce qu’eux-mêmes ignorent encore
tout de cela. Tout comme le nom de la fondation prête à le croire, l’objectif
est avant tout d’inspirer une nouvelle génération – la problématique STEM – et
de préparer l’Amérique pour l’exploration proche de Mars. Et de fait l’idée est
très sérieuse,
cherchant à tirer avantage de la fenêtre de lancement de 2018. D’aussi bonnes
conditions dans l’alignement de la Terre et de Mars ne seront en effet pas
répétées avant 2031. L’entreprise
n’est pas commerciale, mais philanthropique selon son créateur : « let me guarantee you I will come out a lot
poorer ... but my grandchildren will come out a lot wealthier due to the
inspiration this will give them »
Le second point est l’absence de toute contribution
gouvernementale. Si Tito pense pouvoir lancer une telle mission sans l’appui
financier public, c’est parce que la mission consiste en un simple survol :
elle ne cherchera ni à rejoindre l’orbite martienne ni à atterrir au sol
éliminant dès lors tous les systèmes associés, y compris le carburant
supplémentaire, à ce type d’expéditions. Selon Dennis Tito, le coût sera
modeste : un « chump change compared to
what we’ve heard before ». Les deux premières années seront financées par
Tito, par ailleurs multimillionnaire et premier touriste de l’espace, 20
millions de dollars donnés à la Russie ayant suffi pour lui ouvrir les portes
de l’ISS en 2001. Robert Zubrin, de la Mars Society, a
indiqué« I
give them a 1-in-3 chance,
but not for the technical reasons. It’s a question of can they raise the money.
This raises the question to NASA—'How come you haven't done this?' NASA
has had a billion dollars before ».
Une « simple » capsule, contenant deux personnes,
suffira donc à faire l’aller-retour. Celui-ci, que Tito compare à un lancer de
boomerang, durera quelque 501 jours. Une chose a été soulignée : la
mission sera américaine – impliquant pour le moment, c’est-à-dire sur le
papier, la future fusée Falcon Heavy de SpaceX, de même que la capsule Dragon
non-encore testée pour le vol habité –, tout comme l’équipage : un homme,
une femme, de préférence un couple. Pour l’homme d’affaires, il y a en effet
urgence : d’autres pays profiteront sans doute de la fenêtre de 2031. Lorsque
les journalistes présents à la conférence lui ont demandé s’il avait
l’intention de battre la Chine, il a répondu : « Wouldn’t I want to do that? Wouldn’t I want America to do that? ».
La mission n’est néanmoins pas pensée pour remettre en cause le SLS ou le
système Orion actuellement en développement. Pour Tito, les systèmes et la
technologie disponibles aujourd’hui rendent possible un survol de Mars,
l’exploration méthodique de la planète nécessitera un système plus complet…
La deuxième mission de fret de la société SpaceX a décollé
vendredi du Kennedy Space Center situé en Floride. Malgré une mise en orbite
réussie, le cargo spatial Dragon n’est pas parvenu tout de
suite à ouvrir ses panneaux solaires. Si le problème avait persisté ou si
les panneaux ne s’étaient pas déployés de manière optimale, le vaisseau
n’aurait probablement pas eu l’énergie suffisante pour s’arrimer à l’ISS, ses
batteries ne permettant vraisemblablement d’effectuer qu’une seule tentative et
la NASA aurait pu se refuser à courir le risque. A noter l’importance des radars du l’USAF
pour situer précisément le Dragon laissé à la dérive. Le lancement, CRS-2 pour Cargo
Resupply Services 2, de la capsule Dragon permet d’assurer le
ravitaillement de la station spatiale internationale. Le bras robotique de
l’ISS, le fameux Canardam-2, contribution du Canada au programme, a été utilisé
pour accrocher la capsule. Le vaisseau restera arrimé jusqu’au 25 mars, date à
partir de laquelle il entamera sa descente sur Terre avec plus d’une tonne de
matériel et déchets, notamment le résultat d’expériences menées à bord de
l’ISS. A noter que la photographie (le Dragon au-dessus du Mont Etna) a été prise par le canadien Chris Hadfield, dont je conseille à tous de suivre le compte Twitter. Le premier vol commercial d’un Dragon s’est tenu en octobre 2012. Cinq
mois auparavant, ce vaisseau avait été le premier cargo privé à s’arrimer à
l’ISS. La NASA a signé avec SpaceX un contrat pour 12 missions de ravitaillement
dans le cadre de COTS d’une valeur de 1,6 milliards de dollars. Une deuxième
société, Orbital Sciences, sélectionnée par la NASA pour un contrat de 1,9
milliards de dollars de 8 vols, prépare activement le lancement de sa fusée
Antares à bord de laquelle se trouvera le cargo Cygnus.
Retour sur le météore russe à travers cette compilation
et un article de The Economist: l’hebdomadaire
britannique, habituellement très critique envers les programmes spatiaux,
notamment habités, croit voir ici la justification ultime, « the real star war ». A noter que, détectée
par le réseau de capteurs (infrason) de l’Organisation du traité d'interdiction complète
des essais nucléaires (CTBTO) chargée de prêter l’oreille explosions
atomiques de par le monde, l’entrée dans l’atmosphère du projectile a été
enregistrée par 17 stations, dépassant le score atteint par un bolide similaire
ayant explosé à Sulawesi en Indonésie en 2009.