lundi 14 mai 2012

Contre l’exploration spatiale (sic) : six raisons pour lesquelles l’homme ne doit pas quitter le berceau terrien (Partie 2)

… suite de la première partie
4) De bien dangereuses rencontres

Encore que comme Sam (Moon, 2009) ou Kris (Solaris, 1972) le ressentent bientôt, il y a quelque chose de pire que d’être seul dans l’espace… n’être pas seul. Certes, Wallace et Gromit (A Grand Day Out, 1989) ont la chance de tomber sur un être relativement bienveillant. Même s’il fait l’expérience des geôles de la terrible Reine Yllana, l’équipage de Queen in Outer Space (1958) n’est pas totalement malheureux non plus. Il faut dire que les premiers s’établissent sur la Lune, qui comme chacun sait est un immense fromage, pour y piqueniquer, et que le second fait une découverte terrible ô combien désagréable en débarquant sur Vénus. Inutile de dire que tout le monde n’est pas aussi fortuné.

Les astronautes d’Apollo 18 (2011) pourraient en témoigner s’il n’était déjà trop tard pour leur poser la question. De ce point de vue, John Crichton, dans la série télévisée Farscape (1999-2003), est plus heureux, mais son calvaire est également beaucoup plus long et sa détresse manifestement immense. Comme l’indique l’introduction : « My name is John Crichton, an astronaut... a radiation wave hit and I got shot through a wormhole... Now I’m lost in some distant part of the universe on a ship -- a living ship -- full of strange, alien life forms... Help me... Listen, please. Is there anybody out there who can hear me? I'm being hunted by an insane military commander... doing everything I can... I’m just looking for a way home.  »

5) Bien plus qu’un voyage

Mais il y a bien plus en jeu que la simple survie de ces « envoyés de l’humanité » que sont les astronautes. Sur les épaules de ces derniers repose en effet l’avenir de notre planète. Du moins si l’on en croit Hollywood. La saga Alien (1979-1997), y compris la préquelle qui arrive cette année dans les salles, n’est ainsi pas autre chose qu’une course de vitesse pluriséculaire engagée par deux races, l’humanité – incarnée par Sigourney Weaver/Ellen L. Ripley – et des créatures aliens particulièrement redoutables, et dont le prix n’est rien moins que la Terre elle-même. La série Stargate et ses multiples versions (1997-2011) est plus explicite encore. Une fois la Boîte de Pandore ouverte, i.e. l’exploration de l’espace entamée, aucun retour en arrière n’est possible. Symbolisée par la maîtrise de la technologie de la « porte des étoiles » (Stargate, 1994), cette problématique apparaît dès les premiers instants de la série lorsqu’un E.T. franchit agressivement la porte et menace donc directement la Terre. La franchise développe sur ce thème du « dilemme de sécurité » en passant d’un ennemi ontologique à un autre, ainsi des goa’uld, des Ori (Stargate SG-1) et des Wraith (Stargate Atlantis). 
Pour vivre heureux, vivons cachés ? Ce cliché philosophique possède aujourd’hui des résonances intergalactiques insoupçonnées, positives (Contact, 1997) ou négatives (Battleship, 2012). L’impact n’est d’ailleurs pas que cinématographique : rappelons que les sondes Pioneer (10 et 11) et Voyager (1 et 2) emportent en leur sein des cartes du système de solaire.
File:Pioneer plaque.svg

6) Des interrogations éthiques

Le questionnement devient donc éthique. Une fois encore SETI domine la littérature et le cinéma de science-fiction. Ainsi d’une rencontre avec une intelligence supérieure. Dans 2001: A Space Odyssey (1968), la découverte de TMA-1, le monolithe noir enfoui dans le cratère de Tycho, va bouleverser l’histoire de l’humanité. De quoi réfléchir aux conséquences du voyage spatial puisque le moindre développement est sans doute l’apparition d’une nouvelle espèce, explicite dans 2010: Odyssey Two (1982 pour le livre, 1984 pour le film). Il en est de même dans le cas d’une confrontation symétrique. Dans Ender’s Game et ses suites, l’humanité, obligée de déclarer la guerre à une race extra-terrestre, se retrouve avec un génocide sur les bras et un véritable traumatisme dont le passage des millénaires et la colonisation continue de la galaxie ne parviendront pas à effacer totalement le souvenir. Naturellement, la réflexion n’est que plus forte lorsqu’il est question de rencontre asymétrique. Certains penseront à Avatar (2010). Pour ma part, je préfère m’appuyer sur le Voyage dans la Lune (1902) de Georges Méliès. En effet, à voir l’image de notre satellite transpercé par une fusée, n’y a-t-il façon plus violente de débuter l’aventure spatiale ? La suite n’est guère mieux, la rencontre avec les Sélénites – de bien fragiles créatures – tournant rapidement à la bagarre. 


La question du traitement des « indigènes », quelle que soit leur forme, n’est pas que fictionnelle. Les sondes que nous envoyons dans l’espace sont soumises à des processus de stérilisation sévères : il s’agit en effet d’éviter d’amener, par exemple sur Mars, des microorganismes terrestres capables de contaminer la planète, de détruire les formes éventuelles de vie, etc. et, il est vrai, de fausser toutes mesures. Dans cette perspective, que penser de la terraformation ? Sous prétexte qu’aucune vie intelligente n’y réside, l’univers nous appartient-il ? La survie de l’espèce humaine, l’élément déclencheur dans Red Planet (2000), est-elle une raison suffisante ? 


... à suivre !!

3 commentaires:

  1. Si nous n'allons pas voir les ''aliens'', ce sont les ''aliens'' qui viendront à nous :)

    On à fait assez de boucan sur toutes les ondes électromagnétiques depuis un petit siècle pour rameuter tout le quartier - ''Contact'' de Carl Sagan - ;)

    Frédéric

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  2. Très juste... et pourtant personne n'est là (sauf à envisager un scénario Men In Black) ! ;)
    Bien à vous,

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    1. Mais qui vous qu'ils ne sont pas en route ?

      Si on ne peut réellement dépassé la vitesse de la lumière, il peut se passé des dizaines d'années avant que l'on ne fasse le trajet d'un système stellaire à l'autre :)

      Bon, j'arrête, tout cela n'est que propectives et supputations tant que l'on aura n'a pas une soucoupe volante au dessus du siège des Nations Unis.

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