Pour son premier lancement de l’année depuis Kourou, Arianespace a établi un nouveau record de performance pour une mission visant la GTO. La fusée Ariane 5 a en effet placé en orbite deux satellites de télécommunications, Amazonas-3 (6,3 tonnes) et Azerspace/Africasat-1A (3,2 tonnes), ainsi que l’équipement permettant le lancement double, soit 10,3 tonnes. Le précédent record, 10,1 tonnes, datait du 2 août 2012 nous indique Futura Sciences. Amazonas-3, construit par SSL pour le compte de l’opérateur espagnol Hispasat, offrira des services de téléphonie, télévision et internet au-début depuis sa position à 61°W au-dessus de l’Amérique, Europe et Afrique du Nord. Azerspace 1, construit par Orbital Sciences Corporation pour l’opérateur azerbaïdjanais Azercosmos OJSC, situé à 46° E, se concentrera sur l’Afrique, l’Europe, le Caucase, le Moyen-Orient et l’Asie centrale. A noter que le satellite Azerspace est le premier satellite azéri confié à Arianespace par le Ministère des Communications et des Technologies de l’Information de la République de l’Azerbaïdjan. Arianespace a lancé le premier satellite de plus de 31 opérateurs dans le monde. La société prévoit 11 campagnes de lancements cette année.
Un Progress en remplace un autre. Alors que des fragments du cargo
russe M16M, séparé de la Station spatiale internationale le samedi 9
février, sont tombés le jour même dans l’Océan pacifique, un lanceur Soyouz
transportant le vaisseau ravitailleur M18M a
décollé ce lundi 11 depuis Baïkonour. D’une masse de 7,282 kg au décollage,
ce 50e Progress permet de renouveler les stocks de l’ISS en eau, denrées
alimentaires diverses, linges, articles d’hygiène personnelle, ainsi que de
l’équiper en nouveaux matériels de contrôle et d’examen médicaux. Sa mission
consistera également à corriger l’orbite de la station que le frottement
atmosphérique menace régulièrement de faire retomber sur Terre. Lors de la
séparation enfin, sans doute le 23 avril prochain, il évacuera les déchets de
la station, puis sera détruit dans l’atmosphère terrestre.
La Terre a désormais une nouvelle paire de jumelles braquées
sur elle, celles du satellite américain Landsat 8/LDCM. En collaboration avec
le U.S. Geological Survey (USGS) qui prend en charge le programme, la NASA a
lancé lundi un nouveau satellite d’observation de la Terre : le 8e du nom,
dernier né de la longue et célèbre lignée des satellites civils Landsat dont le
premier a été mis en orbite en 1972. La fusée
Atlas 5 à bord de laquelle se trouvait le satellite de 2623 kg a décollé de
la base militaire de Vandenberg en Californie et a disposé correctement sa
charge utile. Situé sur une orbite polaire (i = 98,2°) à 705 km d’altitude
au-dessus de la Terre, Landsat 8 pourra prendre celle-ci en photo pas moins de
14 fois par jour. Conçu pour durer cinq ans, avec des performances supérieures
à ses prédécesseurs, le satellite pourrait fonctionner le double de temps à
l’image de Landsat 5 qui, ayant décollé en 1984, n’a que très récemment pris sa
retraite.
Il faut dire que Landsat 5 a battu des records de longévité entrant
même au Livre des records après 28 ans et 10 mois passés en orbite. Et
heureusement pour le programme, dont la continuité était menacée par l’échec de
Landsat 6 victime d’un mauvais lancement et par la tentative ratée de
privatisation sous les administrations Carter et Reagan. Landsat 7 a été lancé
en 1999 après le retour du programme dans le giron gouvernemental en 1992 et
son sauvetage par la NASA. Seul satellite Landsat jusqu’à aujourd’hui, il ne
fonctionne toutefois plus qu’en mode dégradé après quelques dysfonctionnements
subis en 2003. La communauté d’utilisateurs peut être rassurée maintenant que
la relève est là. Encore que l’avenir
du programme est largement incertain.
Landsat a produit depuis 39 ans les archives d’images
moyenne résolution les plus complètes de la planète : consultables en ligne, intégrables dans
un système d’information géographique (GIS), elles permettent notamment de
suivre l’évolution de la Terre, de ses forêts, de ses glaciers, cours d’eau,
terres agricoles ou zones urbaines. Le résultat multidécennal de cette immense base
de données mis à disposition par l’USGS (dépendant du département de l’intérieur)
est le signe d’un très grand succès technique et scientifique. Il témoigne également
de la beauté et de la fragilité de notre planète. Sur ce point, je recommande
le dernier ebook de la NASA, intitulé Earth is Art et en partie constitué
d’images de Landsat 5 et 7.
En ce 15 février, tout le monde attendait la visite de l’astéroïde 2012 DA14, ce conglomérat de roches d’environ 45 m de diamètre frôlant la Terre en passant sous l’orbite géostationnaire à environ 27 700 km sans conséquence pour les satellites situés à cette altitude, mais c’est la boule lumineuse surprise dont la longue traînée blanche a perturbé le ciel matinal avant d’exploser au sol dans les environs de Tcheliabinsk dans le sud de l’Oural qui s’est trouvée au cœur de toutes les conversations. Tout comme en 1908, lorsqu’une gigantesque explosion avait balayé 2 000 km² de forêts près de la Toungouska, en Sibérie centrale, un météore vient en effet de traverser l’atmosphère pour s’abattre sur Terre. A la différence que dans le premier cas la région était largement inhabitée, les victimes et témoins potentiels peu nombreux. Cette fois-ci, l’onde de choc ressentie, le boum supersonique – tout aussi terrible – a soufflé les vitres des bâtiments, déclenché plusieurs alarmes, et causé plusieurs milliers de blessés parmi la population environnante, les images et les vidéos de l’événement se comptant par dizaines. D’après les premières analyses, le météore de Tcheliabinsk – pris en image par le satellite Meteosat-9 – serait ainsi le plus gros connu depuis la catastrophe de la Toungouska : sa taille initiale devait être d’environ 15 mètres et sa masse de 7 000 tonnes.
Bien qu’apparemment sans lien direct, l’astéroïde
2012 DA14 voyageant sur une orbite similaire à celle de la Terre alors que la
météorite provenait quant à elle de la ceinture d’astéroïdes située entre Mars
et Jupiter, ces deux événements rappellent que le système
solaire est peuplé d’une multitude d’objets de toute dimension, certains
détectables longtemps à l’avance du fait de leur taille, d’autres passant plus
inaperçus tout en étant suffisamment larges pour causer d’importants dégâts. Bref,
loin d’être harmonieux ou ordonné selon son étymologie, ou vide et immense
selon la croyance populaire, le cosmos mérite notre attention. Ce genre
d’actualité est en effet très commun. Vous pouvez d’ailleurs vous amuser à en calculer
les conséquences…
D’une certaine manière cette coïncidence cosmique apporte de
l’eau au moulin de ceux plaidant en faveur d’une défense planétaire contre ce
genre de menace. Le républicain Lamar
Smith (Texas), président du Comité Science, Espace et Technologie de la
Chambre des Représentants des Etats-Unis, a ainsi rappelé la nécessité qu’il y avait
à « invest in space science »,
tout en indiquant qu’il fallait « invest
in systems that identify threatening asteroids and develop contingencies, if
needed, to change the course of an asteroid headed toward Earth » et
que dans cette optique il promettait une audience sur la manière de « better identify and address asteroids that
pose a potential threat to Earth ».
Plus largement, elle justifie un effort spatial ambitieux.
Car si nous pouvons après tout nous estimer chanceux – selon le bon mot de
Larry Niven, contrairement aux dinosaures, nous avons en effet un programme
spatial ! – notre avenir en tant qu’espèce ne sera complètement assuré que
lorsque nous aurons établi une présence permanente hors de notre planète. Toute
civilisation avancée n’a d’autre choix que celui-ci. Le dilemme est fort simple :
ou l’exploration spatiale ou l’extinction, concluait déjà Carl Sagan. Hollywood
a bien sûr surfé sur cette idée avec succès : du modèle de l’Arche de Noé
illustré par When Worlds Collide en
1951 montrant comment un groupe d’humains échappe à l’apocalypse pour bâtir une
nouvelle civilisation ailleurs sur un autre monde, aux Armaggeddon et autre Deep
Impact tous les deux sortis en 1998 qui racontent comment l’humanité peut repousser
(ou non) la menace incarnée par les NEO (Near-Earth Objects).
Reste à savoir comment nous organiser. Comme un blog
allié s’en faisait l’écho, citant exercice
conduit par l’USAF en 2008, la prise en main de la problématique
n’a pour le moment démontré qu’une chose : l’absence de consensus sur les méthodes et
la gouvernance. De fait, la NASA semble avoir pris les devants, mais aucune
agence américaine précise n’a pour le moment été désignée pour cette mission.
De même, aucune procédure spéciale n’a été introduite que ce soit pour atténuer
la menace ou gérer la situation en cas d’impact. Le choix n’est pas
neutre d’autant plus que la question requiert des réponses non ambigües en
matière d’armes spatiales – y compris armes atomiques – dont certains Etats
pourraient s’inquiéter.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire