dimanche 3 mars 2013

Actualités : Rêves de Mars et d’exploration, réalités terrestres et sequester

Dennis Tito, premier touriste spatial, veut lancer une mission vers Mars
Falaise budgétaire oblige, sans « jedi mind-meld » à disposition, l’effet du « sequester » a commencé à se faire sentir pour les agences gouvernementales américaines, y compris – sans surprise – celles ayant partie liée avec l’espace. Pour l’année fiscale en cours, la NASA et la NOAA ont ainsi subi des coupes budgétaires automatiques de 5%, le DoD de 7,8%. Selon un rapport de l’Office of Management and Budget, la NASA perdra 896 millions de dollars, touchant principalement, à hauteur de 388 millions, le programme de lanceurs commerciaux qui subventionne SpaceX, Boeing et Sierra Nevada, à comparer avec un budget total de 17,8 milliards. A comptabiliser les pertes subies au niveau des programmes spatiaux seulement, la NOAA perdra 266 millions. Les coupes « spatiales » ordonnées au DoD ne sont quant à elles pas disponibles, aucun budget Espace n’existant en tant que tel.



La fusée indienne PSLV-C20 (Polar Satellite Launch Vehicle) transportant sept satellites a décollé lundi du centre spatial Satish Dhawan sur l’île de Sriharikota dans le sud-est du pays. Un satellite franco-indien (CNES-ISRO) de 346 kg destiné à mesurer le niveau des océans, SARAL (Satellite with ARgos and ALtika), faisait partie du voyage.  Pranab Mukherjee, président indien, a salué les ingénieurs de l’ISRO qualifiant le tir de “epitome of Indo-France cooperation in space”. Parmi les six autres charges utiles placées en orbite, on notera notamment la présence de Sapphire, un microsatellite développé par MDA entièrement conçu pour suivre la trajectoire des débris et satellites situés entre 6 000 et 40 000 km autour de la Terre dans le cadre d’une collaboration entre les forces militaires canadiennes et le programme américain de surveillance de l’espace. Initiative 100% militaire, Sapphire est le premier satellite jamais possédé par le Department of National Defence canadien et une étape majeure dans l’élaboration d’un programme spatial militaire propre. NEOSSAT, dit le “chasseur d’astéroïdes dangereux”, de l’Agence spatiale canadienne est également développé en partenariat avec les militaires : il pourra d’ailleurs le cas échéant être utilisé en tandem avec Sapphire. Suivent : UniBRITE, aka CanX-3 (Canadian Advanced Nanospace eXperiments), aka BRITE (BRIght-star Target Explorer), et TUGsat 1, aka BRITE-Austria, collaborations entre l’Autriche et le Canada, STRaND 1, phonesat britannique développé par l’université du Surrey, et AAUSAT3, un cubesat développé par des étudiants danois. Le poids total s’élève à 668,5 kg. L’Inde envisage d’effectuer neuf autres tirs cette année.



Après plusieurs jours de rumeurs, Dennis Tito et son équipe de l’Inspiration Mars Foundation ont annoncé leurs plans d’envoyer un équipage humain autour de Mars en 2018. Rien sur le coût ni l’architecture de la mission. Sans doute parce qu’eux-mêmes ignorent encore tout de cela. Tout comme le nom de la fondation prête à le croire, l’objectif est avant tout d’inspirer une nouvelle génération – la problématique STEM – et de préparer l’Amérique pour l’exploration proche de Mars. Et de fait l’idée est très sérieuse, cherchant à tirer avantage de la fenêtre de lancement de 2018. D’aussi bonnes conditions dans l’alignement de la Terre et de Mars ne seront en effet pas répétées avant 2031. L’entreprise n’est pas commerciale, mais philanthropique selon son créateur : « let me guarantee you I will come out a lot poorer ... but my grandchildren will come out a lot wealthier due to the inspiration this will give them »



Le second point est l’absence de toute contribution gouvernementale. Si Tito pense pouvoir lancer une telle mission sans l’appui financier public, c’est parce que la mission consiste en un simple survol : elle ne cherchera ni à rejoindre l’orbite martienne ni à atterrir au sol éliminant dès lors tous les systèmes associés, y compris le carburant supplémentaire, à ce type d’expéditions. Selon Dennis Tito, le coût sera modeste : un « chump change compared to what we’ve heard before ». Les deux premières années seront financées par Tito, par ailleurs multimillionnaire et premier touriste de l’espace, 20 millions de dollars donnés à la Russie ayant suffi pour lui ouvrir les portes de l’ISS en 2001. Robert Zubrin, de la Mars Society, a indiqué « I give them a 1-in-3 chance, but not for the technical reasons. It’s a question of can they raise the money. This raises the question to NASA—'How come you haven't done this?' NASA has had a billion dollars before ».

Une « simple » capsule, contenant deux personnes, suffira donc à faire l’aller-retour. Celui-ci, que Tito compare à un lancer de boomerang, durera quelque 501 jours. Une chose a été soulignée : la mission sera américaine – impliquant pour le moment, c’est-à-dire sur le papier, la future fusée Falcon Heavy de SpaceX, de même que la capsule Dragon non-encore testée pour le vol habité –, tout comme l’équipage : un homme, une femme, de préférence un couple. Pour l’homme d’affaires, il y a en effet urgence : d’autres pays profiteront sans doute de la fenêtre de 2031. Lorsque les journalistes présents à la conférence lui ont demandé s’il avait l’intention de battre la Chine, il a répondu : « Wouldn’t I want to do that?  Wouldn’t I want America to do that? ». La mission n’est néanmoins pas pensée pour remettre en cause le SLS ou le système Orion actuellement en développement. Pour Tito, les systèmes et la technologie disponibles aujourd’hui rendent possible un survol de Mars, l’exploration méthodique de la planète nécessitera un système plus complet…
La deuxième mission de fret de la société SpaceX a décollé vendredi du Kennedy Space Center situé en Floride. Malgré une mise en orbite réussie, le cargo spatial Dragon n’est pas parvenu tout de suite à ouvrir ses panneaux solaires. Si le problème avait persisté ou si les panneaux ne s’étaient pas déployés de manière optimale, le vaisseau n’aurait probablement pas eu l’énergie suffisante pour s’arrimer à l’ISS, ses batteries ne permettant vraisemblablement d’effectuer qu’une seule tentative et la NASA aurait pu se refuser à courir le risque. A noter l’importance des radars du l’USAF pour situer précisément le Dragon laissé à la dérive. Le lancement, CRS-2 pour Cargo Resupply Services 2, de la capsule Dragon permet d’assurer le ravitaillement de la station spatiale internationale. Le bras robotique de l’ISS, le fameux Canardam-2, contribution du Canada au programme, a été utilisé pour accrocher la capsule. Le vaisseau restera arrimé jusqu’au 25 mars, date à partir de laquelle il entamera sa descente sur Terre avec plus d’une tonne de matériel et déchets, notamment le résultat d’expériences menées à bord de l’ISS. A noter que la photographie (le Dragon au-dessus du Mont Etna) a été prise par le canadien Chris Hadfield, dont je conseille à tous de suivre le compte Twitter. Le premier vol commercial d’un Dragon s’est tenu en octobre 2012. Cinq mois auparavant, ce vaisseau avait été le premier cargo privé à s’arrimer à l’ISS. La NASA a signé avec SpaceX un contrat pour 12 missions de ravitaillement dans le cadre de COTS d’une valeur de 1,6 milliards de dollars. Une deuxième société, Orbital Sciences, sélectionnée par la NASA pour un contrat de 1,9 milliards de dollars de 8 vols, prépare activement le lancement de sa fusée Antares à bord de laquelle se trouvera le cargo Cygnus. 


Retour sur le météore russe à travers cette compilation et un article de The Economist : l’hebdomadaire britannique, habituellement très critique envers les programmes spatiaux, notamment habités, croit voir ici la justification ultime, « the real star war ». A noter que, détectée par le réseau de capteurs (infrason) de l’Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBTO) chargée de prêter l’oreille explosions atomiques de par le monde, l’entrée dans l’atmosphère du projectile a été enregistrée par 17 stations, dépassant le score atteint par un bolide similaire ayant explosé à Sulawesi en Indonésie en 2009.

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