mercredi 2 octobre 2013

Armes spatiales et dissuasion dans l’espace dans le contexte de l’ascension chinoise


Le Stimson Center de Washington vient de publier un recueil de textes fort intéressant sous l’intitulé Anti-satellite Weapons, Deterrence and Sino-American Space Relations. Accessible gratuitement, cette étude s’inscrit dans le cadre du second volet du programme « Sécurité spatiale » conduit par Michael Krepon, co-fondateur du think tank et directeur de cette publication avec Julia Thompson. Pour rappel, le Stimson Center s’est notamment fait remarquer pour avoir contribué au lancement du projet d’un « code de conduite » centré autour du concept de « space assurance » ; un code aujourd’hui revendiqué par l’Union européenne, les Etats-Unis et quelques autres nations spatiales et qui pourrait voir le jour (ou être tué dans l’œuf) l’année prochaine.

Outre quelques questionnements bienvenus liés aux définitions (qu’est-ce qu’une arme spatiale, l’analogie avec la dissuasion nucléaire est-elle pertinente, etc.), trois problématiques majeures structurent ce document : 1) est-ce que les calculs élaborés lors de la Guerre froide, par ailleurs responsables du refrènement militaire en orbite, sont toujours d’actualité alors que l’espace est de plus en plus compétitif, congestionné et contesté ? ; 2) plus précisément, la dissuasion spatiale – empêcher qu’un adversaire attaque nos satellites – doit-elle continuer aux Etats-Unis à reposer sur des capacités « résiduelles », c’est-à-dire latentes, ou prendre appui au contraire sur des capacités dédiées, cinétiques et explicites ; et 3) en quoi les ambitions célestes de la Chine vont-elles impacter l’état de la dissuasion dans l’espace, la dépendance américaine est-elle une donnée constante, s’achemine-t-on vers un « lose-lose », etc. ? 

Pour y répondre, le Stimson Center a fait appel à plusieurs experts : l’on trouvera donc, outre un texte de Krepon reproduit ici et qui me paraît être le plus stimulant, cinq essais signés par James A. Lewis du Center for Strategic and International Studies, Bruce W. MacDonald de l’United States Institute of Peace, Karl Mueller de la RAND Corporation, Michael Nacht de l’University of California, et Brian Weeden de Secure World Foundation. On jettera par ailleurs un œil aux tableaux annexes qui comparent les 1 790 tests nucléaires conduits par les Etats-Unis, l’URSS/Russie et la Chine depuis 1945 aux 61 tests (!!) liés aux armes antisatellites. Pour ceux que la question de la dissuasion spatiale (un concept dont l’utilité reste encore à prouver) intéresse par ailleurs, voir aussi Forrest E. Morgan, Deterrence and First Strike Stability in Space: Preliminary Assessment, RAND, 2010 ; Roger G. Harrison, Collins G. Shackelford and Deron R. Jackson, « Space Deterrence: The Delicate Balance of Risk », Space and Defense, 1 (3), 2009 ; Jeff Kueter, Dr. Robert Butterworth et Dr. John Sheldon, « Deterrence in Space: Responding to Challenges  to the U.S. in Outer Space », The George C. Marshall Institute Roundtable on Science and Public Policy, 2008.

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