vendredi 9 mai 2014

L’espace des think tanks

Le grand nombre d’études que les think tanks spécialisés publient m’oblige à ouvrir, sans prétendre pour autant à l’exhaustivité, une rubrique générale dédiée. Une seule règle : la publication, si je ne peux empêcher qu’elle soit la plupart du temps en anglais – ce qui limite quelque peu sa disponibilité j’en conviens –, doit être accessible librement (au moins en partie) sur le net.

S’agissant d’exploration spatiale, je signale tout d’abord un rapport publié en décembre dernier par le Marshall Institute, un think tank surtout connu pour ses prises de position conservatrices. L’ouvrage en question ne fait pas exception et l’administration Obama en prend pour son grade, elle qui, toute juste élue, a décidé de mettre un terme au programme Constellation de retour sur la Lune du président Bush et conduit au compromis bancal établi avec le Congrès autour, d’une part, du renforcement de la présence humaine en LEO (soutien à la commercialisation), et, d’autre part, de l’exploration spatiale au-delà des orbites terrestres (le double programme SLS/Orion). Reste que, par bien des aspects, les auteurs s’inscrivent tout comme Obama dans la continuité du rapport Augustine qui, le premier, a osé poser la question tabou : pourquoi au juste aller dans l’espace ? Le programme spatial américain ne s’en est toujours pas relevé comme en témoignent d’ailleurs trois rapports récents publiés eux-aussi fin 2013. Voir Eric R. Sterner (ed.), America’s Space Futures: Defining Goals for Space Exploration (décembre 2013) avec les contributions de James Vedda, Scott Pace, Williams Adkins et Charles Miller. Disponible sur Amazon au format Kindle. Le lecteur pourra toutefois se référer à cet article synthétique disponible gratuitement sur The Space Review ou encore à cet op-ed et cet extrait rédigés par les auteurs.

Pour parler de sécurité spatiale cette fois, l’Union of Concerned Scientists (UCS) poursuit au travers d’une nouvelle étude son programme « Averting an Arms Race in Space ». Le rapport, signé comme d’habitude par Greg Kulacki, s’attaque aux présupposés derrière le prétendu risque de « Pearl Harbour spatial ». La source utilisée, à l’inverse des documents souvent peu fiables cités par les analystes américains, est un manuel militaire chinois publié en 2003 (avant le tir ASAT de 2007) par l’armée populaire de libération, intitulé The Science of Second Artillery Operations. Voir Gregory Kulacki, An Authoritative Source on China's Military Space Strategy (mars 2014). Disponible gratuitement au format pdf. Il ne s’agit pas néanmoins de formuler une conclusion définitive à l’endroit de la Chine et de l’intérêt que pourrait représenter pour elle une capacité antisatellite, rappelle l’auteur. Bien lui en fasse car c’est précisément ce point là que Brian Weeden de la Secure World Foundation (SWF) examine dans une analyse comparative et détaillée du tir d’une fusée-sonde chinoise en mai 2013 que beaucoup aux Etats-Unis ont présenté comme un nouveau test ASAT. Etablie à partir de sources ouvertes, notamment des images satellites achetées à DigitalGlobe, l’étude suggère que le tir en question avait pour objectif de tester tout ou partie d’un nouveau missile d’interception à ascension directe contre un satellite situé en MEO, HEO voire GEO. Voir Brian Weeden, Through a Glass, Darkly: Chinese, American, and Russian Anti-satellite Testing in Space (mars 2014). Disponible gratuitement au format pdf et sur The Space Review.

Quatrième et dernière publication au menu de ce rapide compte-rendu, Awaiting Launch: Perspectives on the Draft ICoC for Outer Space Activities s’intéresse aux négociations lancées par l’Union européenne autour d’un code de conduite international pour les activités menées dans l'espace extra-atmosphérique, et ce alors qu’une troisième version a été mise en ligne sur le site du SEAE en septembre dernier et que la troisième (et ultime) étape du processus de consultation a commencé ce mois dernier. Publié par la Observer Research Foundation (ORF), un think tank basé en Inde, le rapport donne la parole à plusieurs experts internationaux, dont, pour ne citer que ceux que les lecteurs de blog sont le plus susceptibles de connaître, Xavier Pasco, chercheur à la FRS, et Gérard Brachet, ancien directeur général du CNES et surtout représentant de la France au sein du GGE dont le rapport a été adopté par l’AGNU en décembre 2013. Voir Rajeswari Pillai Rajagopalan et Daniel A. Porras (eds.), Awaiting Launch: Perspectives on the Draft ICoC for Outer Space Activities (avril 2014). Disponible gratuitement au format pdf. Voir aussi les articles publiés sur The Space Review par deux des contributeurs, Peter Garretson et Michael Listner.

Image : Getty







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire