Il proposait aussi ce que je voyais alors (et vois toujours) comme un des thèmes majeurs de l’année spatiale 2011 : une sorte d'entrée de l’espace dans la maturité un peu plus d'un demi-siècle après Spoutnik, et l’aspect nostalgique qui en résulte forcément. De fait, les deux anciens rivaux de la guerre froide ont chacun leur cinquantenaire à fêter.
Ainsi, tandis que la Russie fête Gagarine, les Etats-Unis célèbrent le discours de Kennedy. Mais le moment où l’on souffle les bougies d’un anniversaire est aussi souvent l’heure de faire un bilan. Et peut-être est-il plus difficile d’être optimiste lorsque l’on est Américain, que l’on vient d’assister à la fin de trois décennies de navette spatiale et que l'on ne voit rien de bien défini se profiler à l'horizon.
De mon côté, je vois aujourd’hui que cette description peut être complétée avec utilité par une analyse plus précise de l’évolution des différentes puissances spatiales. C’est ce que choisit de faire le colonel Jean-Luc Lefebvre dans une publication récente intitulée « Année spatiale 2010 : Gare à la phase balistique ! », in Pascal Chaigneau (dir.), Enjeux diplomatiques et stratégiques 2011, Economica. L’utilisation de la métaphore spatiale permet en effet à l’auteur d’identifier de manière originale les problématiques et perspectives propres à chaque grande puissance spatiale. En quelques mots :
Cette analogie entre les phases d’une mission et celles d’une politique spatiale peut servir de fil conducteur pour décoder les tendances de l’année 2010. Il est effectivement éclairant de discerner les puissances en phase de propulsion initiale, de celles en situation balistique ou encore de celles qui ont décidé d’appliquer une notable correction de trajectoire (p. 356)
Plus précisément, Jean-Luc Lefebvre nous propose ici d’appréhender l’espace sous l'angle des lancements (sur les satellites, on peut toujours se référer à ce billet). Voici très succinctement ce que l’analogie donne pays par pays. Je ne peux que vous conseiller d’aller jeter un œil à l’article pour y lire le reste de l’analyse.
2) La Chine est « en pleine poussée vers la puissance spatiale » alors qu’elle vient d’atteindre le seuil symbolique de 15 lancements réussis, égalisant ici avec les Etats-Unis.
3) Malgré un léger retard dû à deux échecs, l’Inde reste évidemment dans la course et exprime son ambition pour l’espace.
4) Les Etats-Unis initient quant à eux « une correction de trajectoire majeure ». Ce blog en a longuement parlé. Dans cette perspective, le nouvel accent mis sur un secteur commercial élargi peut être synonyme (si la méthode fonctionne) d’une « nouvelle orbite de transfert ». Les enjeux sont énormes : les Américains jouent leur prépondérance spatiale.
5) L’Europe, enfin, se place en « phase balistique ». Le bilan est plus qu’honorable, mais les perspectives pour l’avenir sont bien moins radieuses alors que se profile une concurrence féroce. Par rapport aux quatre autres puissances, les Européens manquent d’ambitions et semblent camper sur leurs positions.
Selon vous, à quoi ressemblera l’année 2011 ? Que retiendra-t-on ?
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