J’interromps un instant mes habituels billets sur l’espace pour aborder un tout autre sujet à l’ambiance beaucoup plus estivale. Digressons donc et prêtons l’œil attentif du politologue à une série qui a marqué l’année 2011…
Game of Thrones (GoT), diffusé en mai dernier aux Etats-Unis sur HBO et en juillet en France, a connu un beau succès à la fois sur les écrans et sur la blogosphère, certainement grâce à son réalisme et à la profondeur et à la diversité de ses intrigues. De la Terre à la Lune ne pouvait pas se permettre de manquer le coche ! Je vous annonce donc le billet de l’été, qui marque aussi le début d’une nouvelle publication que je me propose de faire une fois par saison...
La série se déroule dans un monde fictionnel pseudo-médiéval. Au vu du casting* et de ce qui semble se vendre et se regarder aujourd’hui, on ajoutera d’ailleurs immédiatement : anglais ! Peut-être d'ailleurs que quelqu’un expliquera un jour cette relation obsessionnelle entre la fiction cinématographique anglo-saxonne et le XII-XIIIe siècle anglais ! Certes Hollywood s’est récemment emparé de l’histoire des Tudors. Mais l’hégémonie des Plantagenêts sur le cinéma n’est pas prête de s’estomper. Même s’il est certain que les descendants du mémorable Aventures de Robin des Bois (1938, Michal Curtiz) et du superbe Lion en Hiver (1968, Anthony Harvey) ont du mal à soutenir la comparaison (vous pouvez toujours juger par vous-même : ici et là pour le cinéma, et ici et là pour les séries).
Typique de la fantasy** mais tout en restant largement tout public, Game of Thrones a réveillé la critique geek... qui plus est la critique RI du Duck (Charli Carpenter se demande même si GoT n’est pas en passe de devenir la série RI culte de l’année 2011). Il est vrai que la série reprend le très riche univers développé dans les (4, 5, etc. : le dernier tome est sorti il y a quelques semaines) best-sellers de George R. R. Martin : cela aussi explique sans doute le succès largement planétaire de la série d’HBO. Pour faire court, nous reprendrons le synopsis wikipédia :
Sur le continent de Westeros, le roi Robert Baratheon règne sur le Royaume des Sept Couronnes depuis qu'il a mené à la victoire la rébellion contre le Roi Fou Aerys II Targaryen, dix-sept ans plus tôt. Son guide et principal conseiller, Jon Arryn, venant de décéder, il part dans le nord du royaume demander à son vieil ami Eddard Stark, seigneur suzerain du Nord et de la Maison Stark, de remplacer leur regretté mentor au poste de « main du Roi ». Eddard, peu désireux de quitter ses terres, accepte à contrecœur de partir à la Cour avec son jeune fils Bran et ses deux filles, alors que Jon Snow, son fils bâtard, se prépare à intégrer la fameuse Garde de Nuit : la confrérie protégeant le royaume depuis des siècles à son septentrion, de toute créature pouvant provenir d'au-delà du Mur protecteur. […] Dans le même temps, sur le continent Est, Viserys Targaryen, héritier « légitime » en exil des Sept Couronnes et fils d'Aerys, projette de marier sa jeune sœur Daenerys à Drogo, le chef d'une puissante horde de cavaliers nomades afin de s'en faire des alliés, en vue de la reconquête du royaume. […]
Ce qui m'intéresse ici et, autant le dire tout de suite, la raison pour laquelle j’ai regardé la série avec passion, c’est la façon dont GoT est construit. Vous trouverez à droite et à gauche des critiques se penchant sur le background politique, social et historique dont la série peut s’inspirer. Ce que je cherche à faire consistera davantage à prêter attention à la philosophie politique et au discours sous-jacent. A l’évidence, de Rome à Boardwalk Empire, en passant par Deadwood ou The Wire, HBO nous a habitué à des histoires riches, profondes et variées. GoT ne fait pas exception.
Le lecteur de Terre à la Lune sait que les RI constituent le réflexe évident dès qu’il s’agit d’interpréter ce que nos écrans nous donnent à regarder. Concernant la série, plusieurs de ces théories seront présentées. Ce faisant, j’espère dessiner un portrait relativement complet de GoT. Je souhaite également montrer quelles sont les principales théories des relations internationales. Il va s’en dire que les risques de spoilers sont importants. Futurs spectateurs s’abstenir.
(1) cheminement avec le réalisme : Realpolitik et jeu de vilains
(2) l’anomalie Stark et les RI : libéralisme, constructivisme ou autre chose ?
(3) une analyse critique : tout le reste et bien plus
Tel sera mon futur plan de conduite pour les jours à venir.
* Parmi ces acteurs, vous remarquerez la présence de Sean Bean (Le Seigneur des Anneaux, etc.). Peut-être aussi celle de Lena Headey (300, Terminator la série, etc.) voire un ou deux autres. Mais dans l’ensemble, et y compris pour les premiers rôles, ils sont moins connus et jouent même parfois pour la première fois à l’écran. Pour résumer sans passer trop de temps sur la bio de chacun, on se retrouve devant un casting de type, à une ou deux exceptions près, « full british » à la Harry Potter avec des acteurs originaires d’Irlande, Ecosse et Angleterre.
** Il est toujours difficile de savoir ce qui se cache derrière le mot. En fait, je pourrais reprendre en partie la critique suivante :
Most insulting of all […] is the affront "fantasy" makes to fantasy itself. How sad that "fantasy"--a protean and theoretically limitless domain--should be so rigidly codified around such a ridiculously childish set of conventions: kings, queens, knights, jousts, quests, faithful hounds, noble steeds, etc. It's as if "comedy" could never advance beyond variations on the banana-peel gag.
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