Le New York Times nous livre dans ses pages d’opinion datées d’aujourd’hui une section spéciale qui ne manquera pas de susciter l’intérêt du lecteur, six experts de politique spatiale offrent ainsi leur avis sur « A New Space Race, or Chances to Collaborate » et où placer l’Amérique
dans ce contexte spatial. L’enjeu est important puisqu’il ne s’agit rien moins
que de savoir, pour paraphraser JFK, si l’espace sera « a sea of peace
or a new terrifying theater of war ».
- Bill Nye,
président de Planetary Society : « Reach for the Stars, Together »
- Dean Cheng,
Heritage Foundation : « U.S. Can Help Its Allies’ Efforts »
- Jim Oberg,
consultant: « Russia Must Choose : Low Tech
or High? »
- Laura Grego
et Gregory Kulacki, UCS : « With China, Setting Norms »
- Anousheh Ansari, touriste de l’espace, « Nations Can Cooperate, and Welcome Private Investment »
- Anousheh Ansari, touriste de l’espace, « Nations Can Cooperate, and Welcome Private Investment »
Malgré des profils différents, tous les auteurs sont
américains. L’ensemble vaut cependant la peine d’être lu. Peu connu en Europe,
Bill Nye (@TheScienceGuy), que
j’ai eu le plaisir de rencontrer et d’écouter, est très célèbre aux Etats-Unis
et au Canada pour ses émissions de vulgarisation scientifique, notamment « Bill
Nye The Science Guy » (1993-1998), et pour ses nombreuses apparitions
médiatiques. Dean Cheng et Gregory Kulacki (@gkucs)
sont tous deux experts sur la Chine. Jim Oberg est un spécialiste du programme
spatial soviétique/russe et un consultant pour NBC, un des rares journalistes
spécialisés (avec Christian
Lardier) à avoir fait le chemin jusqu’en Corée du Nord. Laura Grego,
physicienne de formation, est connu pour ses travaux sur la sécurité dans
l’espace. Enfin,
Anousheh Ansari, américaine d’origine iranienne, est à la tête de la société de
telecommunications Prodea Systems. Outre être un mécène particulièrement
apprécié des space enthusiasts, elle
est aussi devenue la première femme touriste de l’espace après 12 jours passés
à bord de l’ISS – un documentaire
de 2009, très bien fait, a même été tiré de cette aventure.
S’il fallait choisir, le dernier article est à mon sens le
plus intéressant et le moins conventionnel. Pour Grego et Kulacki, avant même
de discuter coopération, il est en effet essentiel pour la sécurité dans
l’espace que la Chine et les Etats-Unis se parlent. Or la chose, pour logique
et minimale qu’elle puisse sembler, est aujourd’hui impossible : ne serait-ce
que parce le Congrès américain interdit tout échange entre les représentants de
la Maison Blanche et de la NASA d’une part, et leurs homologues chinois d’autre
part. Je cite : « Congressional
restrictions preventing the United States and China from talking about
cooperation in space lock both nations into a hostile relationship. Those
restrictions should be lifted, and leaders in both countries should begin to
work together to ensure our common interests – in space and on the ground ».
Je m’étais moi-même fait l’écho d’analyses similaires dans divers écrits, ici
à propos des révélations WikiLeaks ou là par exemple,
ajoutant qu’à l’absence très dommageable de dialogue normalisé s’ajoutent la
différence culturelle (la barrière de la langue et la différence d’approche
quant à la transparence de l’information) et les misperceptions que cela
induit. Greg Kulacki, bilingue anglais-chinois, a longuement écrit sur ce problème
et sur ce sujet du « strategic distrust » comme se plaisent à le
définir les internationalistes. Un constat inquiétant !
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