vendredi 30 mai 2014

L’espace, un enjeu terrestre


L'espace, un enjeu terrestre
Parution d’intérêt pour ce blog si l’en est, le dernier numéro (mai-juin 2014) de la revue Questions internationales est consacré à « l’espace, un enjeu terrestre ». Et quoi de plus alléchant pour illustrer cela étant donné les conséquences que la crise ukrainienne fait actuellement peser sur les relations internationales spatiales qu’une navette spatiale passant – sauf erreur de ma part – au-dessus de la Crimée ?

Au vu du sommaire, le lecteur averti pourrait être tenté de passer son chemin. Et de fait, nulle nouveauté ici pour qui se préoccupe des questions spatiales depuis un certain temps mais un sentiment de déjà vu d’autant plus que marqué que nous retrouvons peu ou prou aux manettes les usual suspects. Un rapide et non-exhaustif tour d’horizon de la littérature non-spécialisée, celle positionnée précisément entre les journaux d’actualité et les revues scientifiques, suffit à s’en convaincre : que l’on s’arrête sur le dossier « Géoéconomie de l’espace » que la revue Géoéconomie publie fin 2001 ou sa redite dix ans plus tard en 2012, ou que l’on jette un œil sur le hors-série que lui consacre le magazine Diplomatie en 2009 après que La Nouvelle revue géopolitique ait fait la même chose deux ans plus tôt.

On ne change pas une équipe qui gagne dit-on. Surtout quand il n’en existe pas d’autre faut-il ajouter dans ce cas présent… Immanquablement donc, certains articles sembleront opter pour une ré-actualisation facile plutôt qu’un véritable effort de renouvellement de la réflexion ou, simplement, de restructuration des idées, l’efficacité primant en quelque sorte sur la variété. On peut regretter. Reste néanmoins que, outre que l’espace constitue une première pour QI – créée seulement en 2003 –, un choix éditorial qu’il me serait difficile de critiquer, il faut reconnaître à ce numéro plusieurs qualités.

La première et non la moindre est l’adoption comme axe directeur d’une hypothèse simple et stimulante quoique peu révolutionnaire, contenue dans l’intitulé et développée notamment dans l’introduction de Serge Sur : l’espace est le reflet plus ou moins déformé des relations internationales terrestres. « Nouvelle frontière, mais avant tout tournée vers la Terre, et qui par là même cherche ses bornes » peut-on ainsi lire. Le reste de la publication s’inscrit assez naturellement dans cette démarche, invitant ainsi le lecteur, notamment s’il est nouveau sur ce sujet, à embrasser d’un coup un domaine à la fois vaste et complexe.

L’autre intérêt de ce dossier, en dehors même des articles de fond sur lesquels je ne m’attarderai que pour dire qu’ils offrent une analyse complète et exhaustive de la situation spatiale internationale, se trouve les encadrés, cartes et graphiques qui dans la tradition de QI permettent d’offrir des compléments bienvenus. Cela est particulièrement utile s’agissant de l’espace où certaines connaissances techniques – je pense par exemple orbitologie et gestion du spectre électromagnétique – sont indispensables. Enfin, parce qu’un retour aux sources est par définition rafraichissant, on appréciera l’opportunité offerte de lire ou de relire Lucien de Samosate et Constantin Tsiolkosvki.

Voir aussi, « La diplomatie spatiale, un enjeu mondial », Le Monde, 25 avril 2014

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