La vidéo (1h30) vaut largement la peine d’être visionnée. On
pourrait presque regretter toutefois que d’emblée rien n’ait été tenté pour limiter l’objet à un certain type de coopération tant les thématiques évoquées sont
nombreuses et parfois contradictoires. Le vol spatial habité a ainsi tendance à
figurer au premier rang des discussions, par réflexe naturelle autant que par choix – ce que la comparaison, discutable à mon sens, avec la mission
Apollo Soyouz et plus largement la relation américano-soviétique laissaient de toute manière deviner. Aussi la conclusion est-elle largement
ouverte : le futur de la coopération entre la Chine et les Etats-Unis
sera-t-il centré sur le spatial habité ou sera-t-il de nature plus
technique ? Un tel résultat ne doit pas étonner dès lors qu’aucun réel effort de définition n’a été conduit durant la présentation. N’en demeure pas moins que le Stimson Center a joué son rôle de think tank en produisant ici une contribution honnête au débat sur les relations entre la Chine et les Etats-Unis dans l’espace.
Parmi les points principaux discutés, on relèvera par exemple :
1) Dans la pensée de son plus ardent défenseur, le président Nixon, Apollo-Soyouz (ASTP selon la nomenclature américaine) n’était pas une fin en soi, mais un moyen vers quelque chose de plus ambitieux encore. Contexte international oblige (droits de l’homme, Afghanistan), son successeur, Jimmy Carter, a choisi de mettre fin à cette coopération. Il a fallu attendre les années 1990 pour voir celle-ci être relancée, pour des raisons toutes différentes.
2) La Chine a longtemps voulu rejoindre le programme ISS, symbole de son intégration dans la famille des grandes puissances spatiales et de la reconnaissance de son statut de puissance technologique majeure. D’une certaine manière, elle est toujours désireuse. Reste que, pour parler de la coopération sino-américaine uniquement, elle a également pris conscience du fait que l’Amérique était un partenaire très difficile et que travailler avec Washington pourrait paradoxalement ralentir ses propres activités spatiales alors que celles-ci suivent un rythme soutenu.
3) Le tout-ou-rien dont fait preuve Washington est néfaste pour son soft power, les Etats-Unis apparaissant de plus en plus aux yeux du monde comme la « méchante ado » des films hollywoodiens qui, forte de sa répartie, de son physique et de son apparente popularité, décide qui peut rejoindre le groupe et qui n’en est pas digne. D’autant plus que le fossé institutionnel existant entre la Congrès et la Présidence complexifie un peu plus la lecture du spatial américain, créé une situation internationale ambiguë et contribue à l’affaiblissement du leadership des Etats-Unis.
Les intervenants s’accordent pour dire que le processus de coopération devra se faire étape par étape, les éléments les moins controversés
devant figurer au premier rang : ainsi de la science
spatiale selon Joan Johnson-Freese (moins à même d’impliquer des problématiques
de transfert de technologie) et de la météorologie spatiale selon Brian Weeden
(nécessite des systèmes complémentaires, bénéficie aux deux pays ainsi qu’à
l’ensemble de la communauté spatiale, et n’implique pas ou très peu de considérations
politique ou de prestige). Il en est de même pour Moltz pour qui trois pistes
doivent être creusées : échanges SSA, discussion bi- et multilatérale sur
l’établissement d’un système international de « monitoring », et
création de « building blocks » à la manière de la guerre froide
parmi lesquels un accord de non-interférence dommageable des « national technical
means » figurerait au premier rang. A l’inverse, pour Logsdon, il faut
viser haut avec des programmes de coopération à haute visibilité, i.e. un vol conjoint
habité.
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