vendredi 22 juillet 2011

Evolution de l’espace non-étatique (2) La nouvelle course à l’espace

Cette image est évocatrice. C’est ici, jeudi 21 juillet 2011, que s’achève ce programme trentenaire de la navette spatiale américaine.

Pour autant, je ne parlerai ici ni de ce dernier vol d’Altantis, ni de la navette spatiale en général (je l’ai déjà fait ici, un autre texte suivra), mais plutôt de ce que cette photo signifie désormais. Dans un précédent post, il avait été question de la « révolution » SpaceX. Je poursuis aujourd’hui ma réflexion sur l’évolution de l’espace non-étatique en essayant de donner un aperçu plus large du paysage commercial spatial.

N'hésitons pas à l'affirmer : l’enjeu est énorme ! Alors que les traces de l’orbiteur Altantis sur les pistes de Floride sont encore fraîches, les compagnies privées (financées, pour certaines, par l’argent de la NASA) se bousculent pour prendre sa place et permettre aux Etats-Unis de reprendre le chemin de la LEO dans les délais les plus courts. Les plus optimistes parlent de 3 à 4 ans. C’est l’effet « capture the flag » présenté par le Président Obama aux astronautes et cosmonautes de l’ISS la semaine dernière.
 
Critiquée pour avoir fait perdre aux Etats-Unis l’accès au balcon du monde en laissant partir la navette spatiale, la NASA se défend donc de toute mauvaise gestion en annonçant qu’elle travaille désormais avec ses « partenaires » du secteur privé pour envoyer les futurs astronautes en orbite. Pour l’Agence spatiale américaine, il s’agit de transférer « 50 years of human space flight experience from NASA to the private sector ». 

De toute évidence, nous sommes à l’heure actuelle en train de voir se dessiner les nouveaux contours de l’espace américain un peu plus d’un an après que le Président Obama a lancé sa fameuse révolution spatiale. La NASA a en effet distribué pas moins de 270 millions de dollars à Boeing, SpaceX, Sierra Nevada et Blue Origin pour concevoir et commercialiser le véhicule spatial du futur. Bientôt, avec la fin de la navette spatiale, cet effort sera porté à 850 millions.

SpaceX semble pour le moment être en tête de la course. Et pour cause, l’entreprise californienne a déjà procédé à plusieurs missions dans l’espace alors que la NASA lui a d’ores et déjà externalisé certains services comme le fret vers l’ISS. Mais Elon Musk, son dirigeant, vise davantage et continue à tester le système Dragon/Falcon pour envoyer des hommes dans l’espace de façon sécurisée. Sur son compte Twitter, on a ainsi pu lire, en référence au message lancé par Obama : « SpaceX commencing flag capturing sequence… ».

Boeing menace pourtant d’être un rival difficile à distancer. D’ici 2015, la compagnie annonce pouvoir procéder aux missions habitées de son CST-100. 2015, c’est aussi la date donnée par Sierra Nevada pour son Dream Chaser. La plus petite de ces quatre compagnies, Blue Origin, dirigée par le fondateur d’Amazon.com, Jeff Bezos, poursuit quant à elle le développement de son New Shepard tout en restant secrète sur les performances de ce dernier.

La course n’est évidemment pas restreinte à ses seules 4 entreprises financées par la NASA. D’autres compagnies sont prêtes à entrer dans le jeu : Orbital Sciences Corp., Exalibur Almaz par exemple, mais aussi des développeurs plus anciens comme United Launch Alliance (Boeing/Lockheed Martin) ou Alliant Techsystems (ATK) en partenariat avec Astrium.

Compétition aidant, les Etats-Unis espèrent ainsi être en possession d’ici la moitié de la décennie d’une gamme complète de lanceurs, sécurisée et à faible coût. Entre temps, l’Amérique reste dépendante du Soyouz russe et de ses sièges à 51 millions de dollars l’unité. On le devine, les enjeux de cette nouvelle course à l’espace sont comparables à cette autre compétition cosmique qui avait marqué les débuts de l’âge spatial il y a quelques 50 ans.

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