Une
grande partie de l’aventure s’est déroulée, comme la fin du premier billet le
laissait supposer à travers le lancement de la fusée Atlas
V, sur
Merritt Island et le Centre spatial Kennedy (KSC), ainsi que sur l’aire de
lancement de la station de l’USAF de Cape Canaveral. Aussi m’attarderai-je
tout d’abord – et en photos s’il vous plaît – sur les installations historiques
que j’ai eu le loisir de visiter.
Début de soirée au VAB et panorama Est sur les sites de lancement |
Panorama
N-E et S-O depuis le toit du VAB |
Non
pas que les navettes soient très loin. Du moins pour deux d’entre elles, comme
ce face-à-face récent a pu le prouver. Aussi notre deuxième étape prend-elle place à quelques mètres seulement, entre le VAB et
les différents hangars de maintenance des orbiteurs, appelés Orbiter
Processing Facility 1, 2 et 3 (OPF).
Exactement
un an après la fin du programme Shuttle (ci-dessus la piste d’atterrissage de
la navette – n°20 sur la carte – et l’emplacement où la dernière mission STS-135
s’est immobilisée), me voici donc en train de contempler la navette Atlantis être déplacée d’un bâtiment à l’autre (voir
vidéo) avant son admission définitive
au Complexe des visiteurs du KSC en 2013.
Et quelques jours plus tard, voilà
que je croise également le chemin de la navette Endeavour à l’abri de son
hangar, attendant elle-aussi, une fois « nettoyée », son départ pour
Los Angeles le 17 septembre prochain.
Je
n’apprendrai rien au lecteur de ce blog : ma relation avec le spatial est
avant tout « politique », non pas « technique ». J’étudie
le contexte politique, qu’il soit domestique ou international, le monde des
perceptions et le rôle de l’imagination, l’histoire, les succès comme les échecs
des différentes politiques/stratégies spatiales… Aussi avoir sous les yeux,
toucher parfois, des composants réels, tangibles, de l’effort spatial humain –
ici américain – a-t-il été pour moi une manière nouvelle et émotionnellement
puissante d’appréhender l’objet Espace. La poussière spatiale recouvrant les
navettes, les tuiles thermiques célèbres depuis l’accident de 2003, les rencontres avec ceux qui vivent la conquête des étoiles, l’environnement
lui-même, autant d’éléments concrets qui donne un sens réel à l’aventure
spatiale.
La
chose est d’autant plus exacte que le KSC fêtait cette année son 50e
anniversaire. Dans le contexte de l’année 1962, soit quelques mois à peine
après le vol orbital historique de John Glenn (20 février) et la récidive de
Scott Carpenter (24 mai), le centre spatial était en effet officiellement
reconnu le 1 juillet sous le nom de Launch Operations Center, modifié plus tard
après la mort de John F. Kennedy.
Une
histoire riche, comme en témoignent les photos suivantes : du monument à
la mémoire du programme Mercury…
… en passant par le souvenir de l’accident qui a coûté la vie aux trois astronautes de la mission Apollo 1 en janvier 1967 : passé et présent se mêlent ici, avec au premier plan ce qui reste du site de lancement (rendu célèbre par le film Armageddon), au second le Launch Complex-37 de la Delta IV.
…
sans oublier enfin les musées – celui de l’USAF comme ceux du KSC (1 et 2) –, la fameuse Astronaut Beach House, les multiples rencontres
avec les astronautes – comme ici, avec Ken Bowersox, Chiaki Mukai, Garrett Reisman, Kent
Rominger, Winston Scott, Nicole Stott, et Jim Voss, et Jean-Jacques Favier
présent dans l’assistance – ainsi que le lancement inoubliable de fusées « amateurs » au
pied du Launch Complex-39A du programme Shuttle, etc.
Chaque
SSP est aussi l’occasion de produire différents rapports qui alimenteront en
discussions un certain nombre de conférences et forums du secteur spatial de
l’année. Quatre documents ont été ainsi rédigés durant cet été :
Le
premier, intitulé Space: One Giant Leap for Education, a pour sujet les quatre
disciplines dites STEM (pour « science », « technology », « engineering »,
et « mathematics ») et comment le spatial peut contribuer à leur
développement.
"What can space contribute to global STEM education?" This report describes ways to use space to improve STEM education and reach a broader audience. Space-related content can be integrated into existing academic curriculum and into non-school materials. The report suggests some programs and interventions like space workshops and competitions, a space debris game or a video outreach program among others.
BLISS: Beyond LEO and Into the Solar System se concentre sur le
développement d’une station spatiale de seconde génération, dite ISS 2.0 ou
plus précisément NGSS (Next Generation Space Station). Un
ExSum est également disponible ici.
The report investigates the key motivations for building a next generation space station (scientific endeavors, exploration, and commercial development) and recommends the optimal locations for such a station. Attention is given not only to issues of engineering, but also international cooperation and policy, education and public outreach, station science, finance, and commercial applications.
Le
troisième rapport, commandé par l’ISU et le KSC, porte sur le concept de spatio-port
et décide intentionnellement d’orienter sa réflexion sur le projet en réseau OASIS : Operations and Service Infrastructure for Space : soit la LEO, puis la Lune, puis l’orbite martienne avec
l’installation d’un point nodal sur Phobos.
To provide easy and affordable access into orbital and deep space destinations, creating a network of spaceports is an option to provide a more economical solution [...]. This report details the different phases of a project for developing a network of spaceports throughout the Solar System in a timeframe of 50 years. The requirements, functions, critical technologies and mission architecture of this network of spaceports are outlined in a roadmap of the important steps and phases.
Last but not least, le dernier rapport –
auquel j’ai contribué – est intitulé simplement Space Debris. L’ExSum est disponible ici. Avec 16 744 débris
catalogués (juillet 2012) et quelques trillions encore non inventoriés,
l’espace est devenu en quelques décennies une véritable poubelle.
L’encombrement est tel que le franchissement du seuil de non-retour (dit syndrome de Kessler) dans les années à venir n’est plus un scénario de
science-fiction. Bien que le problème soit criant, conséquence logique de la tragédie des biens communs, aucune solution concrète n’a
toutefois encore été apportée. Identifiant les aspects à la fois de mitigation (prévention,
atténuation = passif) et de removal
(élimination = actif), ce rapport propose de manière pluridisciplinaire
une solution technique préférée, de même qu’un cadre politique, légal et
financier au sein duquel celle-ci pourra être développée. A noter que le
caractère éminemment politique de la question – qu’il s’agisse de l’aspect dual
classique ou des conséquences sur la réputation et le leadership d’un pays
« fautif » ou « responsable » –, de même que la qualité
internationale de notre équipe (15 nationalités), ont fait de la rédaction de
ce rapport un exercice réel de
négociation internationales. Ce qui ne constituait pour certains qu’une simple
date – un fait historique et donc objectif – fût ainsi l’occasion de maints
débats. Je pense évidemment à la référence à la destruction intentionnelle du satellite météorologique
chinois FY-1C de 2007, voire à l’ASAT américain de 2008, et aux conséquences
que cela soulève pour ce qui est des difficultés d’engagement d’un dialogue
entre les Etats-Unis et la Chine.
Outre
le KSC, la NASA, le FIT et l’ISU, je tiens à remercier chaleureusement le CNES et l’ESA pour m’avoir
permis de participer à cette extraordinaire aventure. J’ajoute que si le
lecteur est intéressé pour participer à ce programme (dont les éditions 2013 et
2014 auront lieu, respectivement, à São José dos Campos, Brésil, et à Montréal,
Canada), qu’il n’hésite surtout pas à me contacter pour tous renseignements.
Plus d’informations d’ores et déjà disponibles ici.
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Voir
aussi :
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Je
n’ai malheureusement pas eu le temps d’y faire mention plus tôt, mais je tenais
en tant que prix « René Mouchotte » 2011 à saluer les lauréats
du prix de l’armée de l’air 2012. Toutes mes félicitations ! J’en
profite également pour préciser que Penser les
ailes françaises publie dans son dernier numéro un article signé par
votre serviteur : « La rencontre du Janus américain avec l’espace :
une lecture internationaliste de la politique spatiale aux Etats-Unis ».
Bonne
rentrée à vous !
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