jeudi 21 mars 2013

Billards cosmiques vs. réalités terrestres : ces "destructeurs de mondes" qui menacent la Terre

géocroiseur ApophisA la suite des événements du 15 février dernier, après qu’une météorite a frappé de manière inattendue la Russie au moment même où un astéroïde – annoncé lui – frôlait dangereusement la Terre, les membres du Congrès américain ont demandé à la NASA, à la Maison Blanche, à l’USAF et à divers autres experts leur avis sur la menace posée par les NEO (Near-Earth Asteroids) et les dispositions qui étaient prises.

Cette double séance d’auditions s’est tenue le 19 et 20 mars à Capitol Hill, à la Chambre (« Threats from Space: A Review of U.S. Government Efforts to Track and Mitigate Asteroids and Meteors, Part 1 ») puis au Sénat (« Assessing the Risks, Impacts, and Solutions for Space Threats »). Elle a réuni le général William Shelton du Air Force Space Command, John Holdren, conseiller auprès de Barack Obama, et Charles Bolden de la NASA d’un côté, Jim Green du département des sciences planétaires de la NASA, Ed Lu de la Fondation B612, Richard DalBello de l’opérateur Intelsat et Joan Johnson-Freese du Naval War College de l’autre. 

Ces experts ont largement eu le temps de rappeler que les deux événements cosmiques de février dernier étaient une coïncidence et que les chances de voir un astéroïde frapper la Terre étaient faibles. Ainsi selon Charlie Bolden, « it is unlikely that the world will suffer a global catastrophic impact over the next several hundred years similar to the dinosaur extinction event. » Mais pour John Holdren de la Maison Blanche, si « The odds of a near-Earth object strike causing massive causalities and destruction of infrastructure are very small, [...] the potential consequences of such an event are so large that it makes sense to take the risk seriously. »



Reste qu’à l’heure où seulement 10% des NEO (astéroïdes > 140 m) ont été identifiés par la NASA, alors que l’objectif fixé par le Congrès en 2005 était de 90% d’ici 2020, Charles Bolden a indiqué combien cette mission ne pouvait pas être réalisée dans les délais impartis compte tenu du budget actuel. « Our estimate right now is at the present budget levels it will be 2030 before we’re able to reach the 90 percent level as prescribed by Congress. » « You all told us to do something, and between the administration and the Congress, the bottom line is the funding did not come. »

Comme l’indique l’article de SN, la menace céleste posée par les NEO se heurte en effet aux réalités budgétaires bassement terrestres, une problématique qui se trouve être d’autant plus d’actualité maintenant que le couperet du sequester est entré en application.

Le général William Shelton a ainsi rappelé combien les coupes budgétaires diminuaient la capacité des Etats-Unis à générer une bonne connaissance de la situation spatiale (SSA) et une surveillance efficace des objets géocroiseurs et surtout des débris orbitaux de toute sorte (accidentels et intentionnels). « We are clearly less capable under sequestration. » « Our dependence on space, not only for our way of life but also for military operations, is very high, so we would sacrifice that. »

A l’exemple de Shelton, aucun des intervenants n’a cherché à agiter le spectre de la menace posée par les NEOs. C’est en réalité l’inverse qui a prévalu, chacun préférant défendre son pré-carré craignant sans doute qu’en ces temps difficiles un investissement accru dans ce domaine de la détection et de la caractérisation des géocroiseurs ne se fasse au détriment de programmes jugés prioritaires. « We could come out of this hearing and decide that we really want to pour money into NEO detection and characterization, and that would not be the right thing to do » a notamment indiqué le directeur de la NASA.
  
Image : Astéroïde Apophis Crédits : CNES/Ill. P. Carril.

3 commentaires:

  1. Bonjour,

    illustrateur professionnel spécialisé en astronautique et astronomie, je suis l'auteur de l'image de l'astéroïde menaçant la Terre au début de votre article. J'ai remarqué que vous citez, à juste titre, vos sources écrites dans votre blog, mais que les illustrations ou photos sont très rarement créditées. Comme les journalistes de la presse écrite dont les articles sont cités ou repris avec références, nous autres illustrateurs avons aussi le droit d'être crédités pour nos œuvres qui contribuent grandement la diffusion des connaissances.
    Je veux bien accepter L'utilisation gratuite de version basse résolution de mes images sur le net, mais de grâce, mettez au moins mon nom à côté ou en bas de l'image en crédit.

    Bien cordialement,
    Pierre CARRIL - illustrateur scientifique
    pierre.carril@neuf.fr

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  2. Cher monsieur, merci pour ce rappel à l'ordre: vous avez entièrement raison.

    Bien à vous,

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  3. Je vous remercie pour votre prompte rectification.
    Pierre CARRIL

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