jeudi 6 juin 2013

Quel futur pour la politique spatiale aux Etats-Unis ?

Le 15 avril dernier, la chose m’avait échappé, le prestigieux Council on Foreign Relations (cfr) a organisé dans son bureau de Washington un atelier sur la politique spatiale américaine en 2013, et tout particulièrement l’état d’avancement du programme d’exploration après la reconduction de l’administration Obama pour un second mandat. Pour citer le président de séance, James Fallows, correspondant au magazine The Atlantic, « What is promising in American Space policy at the moment? What is your main area of concern that you each have? » Alors que l’heure est à la redécouverte de la concurrence américaine – malgré les prévisions un peu courtes des dernières années qui indiquaient que la compétition future viendrait exclusivement des pays émergents –, je conseille à tous le visionnage ou par défaut la lecture de cette rencontre très instructive sur la manière avec laquelle l’Amérique voit « la nouvelle frontière » au XXIe siècle.


Pour répondre à ces interrogations, deux invités de conviction républicaine notoirement critiques vis-à-vis de l’administration Obama : Robert Walker, ancien membre de la chambre du Congrès des Représentants (1977 à 1997), choisi par le Président Bush pour présider en 2001 la Commission on the Future of the United States Aerospace Industry, par ailleurs membre en 2004 de la Commission Aldrige à l’origine du programme Constellation auquel Barack Obama a mis fin et conseiller de Newt Gingrich durant la campagne à la nomination républicaine en 2012, ainsi qu’à l’origine d’un récent Op-Ed pour le WSJ dans lequel il indique son opposition au développement du nouveau Space Launch System ; et Scott Pace, aujourd’hui directeur du fameux Space Policy Institute de l’Université George Washington, autrefois en charge à plusieurs niveaux à la NASA et dans l’administration de divers dossiers internationaux, dont celui des accords et négociations GPS-Galileo en 2004, ancien de la Rand, ainsi que par ailleurs conseiller Espace du candidat républicain Mitt Romney lors de la dernière campagne présidentielle.
Je vous laisse découvrir. Un point si je puis me permettre néanmoins : pour justifier l’investissement dans l’espace habité, Scott Pace use d’un argumentaire admirablement concis qui, pour être connu, n’en reste pas moins très intéressant lorsque précisé dans le contexte de l’après guerre froide et parlant dès lors qu’on le replace dans le contexte plus général de l’utilisation et de l’exploitation – civile et militaire – de l’espace par les Etats-Unis. Il témoigne également de la persistance de certains schémas de pensée comme l’a très bien décrit Howard McCurdy dans Space and the American Imagination.

Même si l’on ne sait pas de quoi le futur de l’exploration spatiale sera fait, nous savons au moins une chose indique Pace, « From an ideological standpoint, I would like those people living the Earth to share the values of Western democracy -- a liberal, tolerant culture, capitalism, democracy. I don’t mind other people out there, I just don’t want them to be out there without me ». Plus loin, il rajoute, « Now, if I knew with certainty that space was like Mount Everest and no one would ever really live there for long-term other than just to visit and come back, I would stay, stop now. But if there’s a potential for there to be a human civilization and human communities beyond the Earth -- if there’s that potential there -- I want the values in that community to be those of the West, broadly speaking ». 

2 commentaires:

  1. La comparaison entre la conquête spatiale et l'ascension du mont Everest est intéressante, car on n'a pas trouvé l'intérêt scientifique de séjourner durablement sur le toit du monde.
    Il me semble néanmoins que le rapprochement avec l'Antarctique, qui est un continent d'expérimentation et qui dispose d'un statut juridique comparable à celui de l'espace, serait encore plus pertinent.
    Cependant il ne faut jamais perdre de vue que notre petite planète bleue constitue un monde fini, alors que l'espace extra-atmosphérique n'a d'autres limites que celles de l'univers tout entier. Il y a là de quoi développer l'astronautique pour permettre la survie de l'humanité lorsque la Terre et même notre système solaire ne seront plus habitables, d'ici 5 milliards d'années environ !

    Je sais, ça nous laisse encore un peu de temps, mais que sera devenu le bloc-notes "De la Terre à la Lune" à cette époque, je vous le demande !

    Jean-Luc Lefebvre
    (heureux retraité)

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  2. Je te remercie Jean-Luc pour ce salut amical. Je suis ravi d'avoir de tes nouvelles, ainsi que de voir que tu fréquentes toujours ce blog ! Je te recommande la typologie que Scott Pace a l'habitude de présenter - y compris dans cette vidéo :

    1) ou l'espace ressemble au Mont Everest et alors l'homme n'a rien à y faire sinon s'y aventurer de temps en temps pour le symbole,

    2) ou l'espace ressemble à l'Antarctique actuel : on peut y résider, mais l'intérêt est limité, un peu de science, parfois du tourisme, mais guère plus,

    3) ou l'espace est proche de nos plate-formes pétrolières : il est intéressant de procéder à son exploitation mais il reste impossible de séjourner là haut de manière permanente,

    4) ou alors l'espace peut accueillir des colonies, c'est à dire que l'homme y trouve non seulement un intérêt (économique ici), mais il peut également développer ce qu'on appelle un "closed loop life support system" qui permet de vivre de manière autonome soit en recyclant soit en exploitant les ressources spatiales environnantes.

    Sans doute de quoi susciter ta réflexion ;)

    Bien à toi,

    Guilhem

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