jeudi 23 octobre 2014

X-37B : un rappel

X-37B ORBITAL  ...
Je l’aurais raté que les flux d’entrée sur ce blog en provenance des moteurs de recherche auraient suffi à m’interpeller : oui, pour la troisième fois depuis 2010, après 674,9 jours en orbite autour de la Terre, le X-37B est rentré. Ce que cet engin a accompli là haut durant tout ce temps, on n’en sait rien ou très peu. L’USAF continue de fait de maintenir le flou sur la nature exacte de la mission et s’est cantonnée à dire que l’appareil qui en était à son second vol s’était bien comporté, confirmant donc ici qu’il était réutilisable. Cela n’empêche évidemment pas le net de fourmiller en hypothèses plus ou moins farfelues. Le risque est qu’à trop vouloir chercher des réponses, on en oublie presque de poser les vraies questions.

Or, la principale sinon l’unique à ce jour est celle consistant à demander pourquoi le programme militaire X-37B, quoique connu de tous et relativement bien documenté comme l’illustrent par exemple les résumés factuels de l’UCS ou encore de SWF, est toujours classifié. Etant donné l’histoire compliquée qui est la sienne – faite d’abandon successif et de reprise en main par la NASA, la DARPA et l’USAF – avant que le domaine ultra-protégé du secret défense ne lui permette de trouver un abri plus pérenne, on ne peut que s’interroger sur ce qui serait advenu de lui s’il lui avait fallu rivaliser en plein jour avec d’autres programmes pour maintenir un financement adéquat.

Non pas que le programme n’ait aucune utilité. Clairement, la possibilité de conduire des missions de très longue durée en orbite puis de retourner sur Terre offre des perspectives intéressantes en termes de développement de nouveaux matériaux et autres technologies très avancées. Son extravagance assumée pourra faire sourciller, alors que des alternatives tout aussi convaincantes et par ailleurs moins dispendieuses existent. Mais c’est surtout le secret qui l’entoure qui paraît excessif, non seulement superflu s’il s’agit d’un simple démonstrateur, mais également contreproductif au regard des réactions internationales que cela soulève et donc contradictoire avec les efforts que mènent les Etats-Unis dans le domaine de la sécurité spatiale et de la transparence.

Ceci étant dit, le X-37B n’en demeure pas moins le produit de son temps. Il semble en effet parfaitement correspondre au zeitgest actuel aux Etats-Unis, alors que ces derniers tablent à la fois sur la maîtrise de l’espace informationnel de conception duale/transversale et de nature plus politique/normative et sur la maîtrise de l’espace contrôlé de conception plus militaire et centré avant tout sur les besoins du Pentagone. D’un côté, on collecte un maximum d’informations en indiquant que rien ne se passe dans l’espace sans que nous soyons au courant ; de l’autre, on entretient l’incertitude et on laisse régner le flou quant aux capacités offensives qui sont peut-être les nôtres ou qu’on entend un jour développer. Or, de ce point de vue, force est de constater que le X-37B est un succès auquel tout le monde participe comme l’illustre la frénésie médiatique de ces derniers jours…

Image : Boeing. 






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