Or, la principale sinon l’unique à ce jour est celle
consistant à demander pourquoi le programme militaire X-37B, quoique connu de
tous et relativement bien documenté comme l’illustrent par exemple les résumés
factuels de l’UCS
ou encore de SWF,
est toujours classifié. Etant donné l’histoire compliquée qui est la sienne –
faite d’abandon successif et de reprise en main par la NASA, la DARPA et l’USAF
– avant que le domaine ultra-protégé du secret défense ne lui permette de
trouver un abri plus pérenne, on ne peut que s’interroger sur ce qui serait
advenu de lui s’il lui avait fallu rivaliser en plein jour avec d’autres
programmes pour maintenir un financement adéquat.
Non pas que le programme n’ait aucune utilité. Clairement,
la possibilité de conduire des missions de très longue durée en orbite puis de
retourner sur Terre offre des perspectives intéressantes en termes de développement
de nouveaux matériaux et autres technologies très avancées. Son extravagance
assumée pourra faire
sourciller, alors que des alternatives tout aussi convaincantes et par ailleurs
moins dispendieuses existent. Mais c’est surtout le secret qui l’entoure qui
paraît excessif, non seulement superflu s’il s’agit d’un simple démonstrateur,
mais également contreproductif au regard des réactions internationales que cela
soulève et donc contradictoire
avec les efforts que mènent les Etats-Unis dans le domaine de la
sécurité spatiale et de la transparence.
Ceci étant dit, le X-37B n’en demeure pas moins le produit
de son temps. Il semble en effet parfaitement correspondre au zeitgest actuel aux Etats-Unis, alors que ces derniers tablent à la fois sur la maîtrise de l’espace informationnel de
conception duale/transversale et de nature plus politique/normative et sur la
maîtrise de l’espace contrôlé de conception plus militaire et centré avant tout
sur les besoins du Pentagone. D’un côté, on collecte un
maximum d’informations en indiquant que rien ne se passe dans l’espace
sans que nous soyons au courant ; de l’autre, on entretient l’incertitude et on
laisse régner le flou quant aux capacités offensives qui sont peut-être les
nôtres ou qu’on entend un jour développer. Or, de ce point de vue, force est de
constater que le X-37B est un succès auquel tout le monde participe comme l’illustre la frénésie médiatique de ces derniers jours…
Image : Boeing.
Image : Boeing.
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