Ce rapprochement entre le spatial et les territoires semble naturel mais il est néanmoins récent. Et
pour cause, il y a encore peu, mis à part les télécoms, rares étaient les
applications opérationnelles disponibles en dehors du cadre par définition
limité de la science et de la défense/renseignement. Trois grands
domaines contribuent aujourd’hui directement à l’appropriation quotidienne de
la technologie spatiale par les régions. Il s’agit des télécommunications avec notamment
les applications de télédiffusion (couverture des zones
blanches) et de télémédecine (consultation à distance) ; de la
géolocalisation autour de laquelle de nombreux projets d’applications gravitent
comme par exemple les transports publics, l’agriculture responsable, la
collecte des déchets ou encore la gestion du trafic aérien ; et de
l’imagerie avec toutes les applications imaginables pour permettre la gestion durable des ressources
(gestion de l’eau, optimisation de l’utilisation des intrants en agriculture,
développement urbain, etc.) ou la prévention et la prévision des risques
(catastrophes majeures, changement climatique, etc.).
Ensuite, si les applications sont désormais de plus en plus
nombreuses à s’adresser directement au grand public avec des retombées en
majorité régionale, la gouvernance politique, elle, n’a pas changé. Les
capacités sont de fait restées européennes et nationales. Une difficulté constante est
ainsi de mettre en relation les fournisseurs de services (la « famille spatiale », terme restrictif et synonyme trop souvent d’« entre-soi ») avec la « société », les utilisateurs dont l’expression des besoins n’est pas toujours prise en compte lorsqu’elle
n’est pas simplement découragée par une politique d’accès aux données et une
réglementation peu claires. Or, l’enjeu est d’importance à en juger par la menace grandissante que les acteurs européens voient émerger outre-Atlantique à travers Google (Skybox
Imaging) et ses affiliés (G)AFAM et plus largement les nouvelles start-up de la
Sillicon Valley. GMES/Copernicus pour l’observation de la Terre devrait ainsi
être l’occasion de tester de nouveaux mécanismes de gouvernance plus favorables
au développement des applications.
Les choses évoluent donc – et cet ouvrage l’illustre de
manière éloquente. Si les régions et Midi-Pyrénées en tête ont assimilé
qu’elles avaient un grand besoin d’espace, elles ont aussi compris qu’il
fallait qu’elles se donnent les moyens de leurs ambitions et qu’elles fassent connaître elles-mêmes leur expertise (financements européens) et leur potentiel (débouchés, ressources humaines, tissu performant de PME). Le réseau NEREUS, qui rassemble 35 régions européennes
et 35 membres associés (industriels, opérateurs, universitaires, etc.), montre
cette capacité des applications spatiales de fédérer les régions.
Peuvent aussi en témoigner des initiatives plus localisées de partenariats entre investisseurs
et utilisateurs comme par exemple l’ESA BIC
Sud France, InSpace,
le pôle de compétitivité Aerospace
Valley, Toulouse
Montaudran Aérospace, le Toulouse
Space Show ou encore la Chaire Sirius.
L’espace des régions est en marche : dernier avatar de « l’espace pour tous » et preuve que la vision dont il est porteur est capable d’évoluer tout en préservant sa capacité d’évocation et de mobilisation ?
Merci à A. S. D.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire