Peut-être vous souvenez-vous – j’en avais parlé ici
même – du lancement le 29 septembre dernier du module Tiangong-1. Or en lançant Shenzhou-8
ce mardi 1er novembre, d’ailleurs de manière quasi-simultanée avec le
vol réussi – au soulagement de tous – du cargo spatial Progress à destination
de l’ISS, les Chinois se sont attaqués avec succès à la seconde phase de leur
plan, la maîtrise du rendez-vous orbital.
Car voilà, ce premier « baiser spatial » s’est
effectué hier.
Après une « course amoureuse » de deux jours, Shenzhou-8 le passionné
s’est joint à Tiangong-1 la timide. Les deux vaisseaux resteront enlacés l’un
dans l’autre durant 12 jours. Pendant ce laps de temps, Shenzhou-8 se détachera,
s’éloignera d’une centaine de mètre et tentera de renouveler l’opération afin
de prouver une fois de plus l’efficacité de la technologie. Deux jours plus
tard, la capsule regagnera la Terre pour inspection. La métaphore « romantique »,
pour cliché qu’elle puisse paraître, n’est pas gratuite si l’on en juge les productions
populaires chinoises :
In Tianfu Zaobao, a Sichuan-based daily, a poem entitled "Lovers' Talk" detailed how the "kiss" -- "romantic," "profound," "sweet," but "short" -- will "elevate China's aerospace enterprise to a new height." "Tiangong, my lover, for the arrival of this moment -- wait for me. I'm coming," reads the poem at the end.
In an article posted on Xinhuanet.com, Shenzhou-8, the chase spacecraft, was compared with a passionate lad, while Tiangong-1, which has already been in orbit for more than a month, is a shy girl who "arrives early at the rendezvous and strolls around and around, waiting for her lover." "If we compare the space docking mission with the pact of a pair of lovers deeply in love, it will be the most romantic story of the season," the article said.
[…] Whiling pitying the short romantic journey, Nanfang Daily wrote: "After the docking, the two orbiters will form a little family. Tiangong-1 will be the backbone of the new family and it has the final say."
Rien d’étonnant à cela si nous en croyons le même article :
Such romanticism is not without its roots in China. "When talking about a rendezvous in space, Chinese people will immediately think of the story of the cowherd and the weaver girl," mythology and folklore expert An Deming told Xinhua. Punished by the Goddess of Heaven, the couple could only meet in the sky once a year, via a bridge formed by magpies, according to Chinese folklore. Their story gives rise to the Qixi Festival, which is sometimes called Chinese Valentine's Day.
Il est vrai que l’espace s’inspire grandement des cultures
nationales, qu’elles soient américaines (la navette Enterprise par exemple), françaises
(le satellite Astérix) ou japonaises.
Qui plus est, pour ce qui concerne le programme spatial chinois, Joan
Johnson-Freese a montré que la culture chinoise offrait une clé de compréhension
idéale, de même qu’une aide non négligeable pour le chercheur.
Reste que l’événement, pour en revenir à notre Shenzhou-8, constitue
en soi un moment historique.
De fait, il s’agit bien ici de la plus importante mission spatiale jamais
effectuée par la Chine depuis octobre 2003. Certes, voilà déjà plus de 40 ans que les Russes et les Américains maîtrisent cette compétence. Si la manœuvre est routinière pour
les partenaires de l’ISS, elle est une grande première pour la Chine. Mais plus qu’un nouveau pas en avant, c’est aussi la fin pour la Chine de toute une série de
problèmes qui constituaient autant d’obstacles.
Désormais, comme le prouvent déjà les deux futures missions
Shenzhou 9 et 10 annoncées pour les mois – et non les années, comme d’habitude
– prochains, le programme spatial habité pourra être accéléré. A la fois
produit de l’exclusion de l’ISS par les Etats-Unis et des règles très strictes
de contrôle des exportations, la mission Shenzhou-8 est un succès d’autant plus
historique, qu’il permet au spatial chinois de passer un cap technologique
particulièrement difficile, annonciateur d’une future station orbitale d’ici
2020.
On imagine
le chemin
traversé par le programme spatial chinois depuis le lancement en 1999 d’une
première capsule récupérable Shenzhou. Quatre autres lancements sont effectués
avant la mission historique du 15 octobre 2003 : le taïkonaute Yang Liwei
séjourne alors 21 heures dans l’espace à bord de Shenzhou-5 et la Chine devient
la troisième puissance à envoyer des hommes dans l’espace par ses propres
moyens. Deux ans plus tard, octobre 2005, ce sont deux taïkonautes qui sont
envoyés dans l’espace, à leur tour, pour un séjour de 5 jours. Puis à nouveau
trois taïkonautes en 2008 à bord de Shenzhou-7, le premier « spacewalk » chinois.
Avec ce premier rendez-vous orbital, la Chine peut
maintenant poursuivre son programme d’exploration sur une plus grande échelle. Une
démarche
d’autant plus nouvelle que l’événement est largement médiatisé en Chine. Et donc
aussi à l’étranger, car ce rattrapage technologique n’est pas sans créer certaines
craintes, comme exprimées encore récemment par l’entrepreneur Robert T. Bigelow
au sujet de la nouvelle course
à la Lune.
Des images sont disponibles ici, voir également l’infographie.
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