La Chute d’Icare,
Pieter Bruegel l’Ancien, 1560.
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Difficile de résumer cet ouvrage en quelques mots. Mais à relire la quatrième de couverture de l’éditeur, on apprend que l’objectif de la collection consiste à dessiner en neuf chapitres l’Histoire et le portrait de son sujet. Mission accomplie, tout – ou presque – y est raconté. Qui plus est, avec élégance et une maîtrise peu commune, comme peut en attester la bibliographie (anglophone et francophone) commentée en fin d’ouvrage. Qu’est-ce que le néophyte peut découvrir ? Je retiendrai au moins trois éléments :
- une lecture du mythe d’Icare (et de Dédale, voir tableau
ci-dessus) originale et éclairante :
La fuite : voilà le véritable motif de l’aventure aérienne de Dédale et d’Icare. Les deux ancêtres des frères Wright et de Clément Ader, de Youri Gagarine et de Neil Armstrong n’ont rien de fiers conquistadores ; ils sont seulement d’ingénieux et courageux fuyards. A ceux que surprendrait, voire choquerait cette lecture inhabituelle du plus aérien des mythes, je répondrais qu’elle n’est pas très éloignée du discours des partisans de la préférence spatiale, de la space option (p. 9)
Source. |
Si jamais quelqu’un réussit à faire le roman, l’épopée de l’avenir, il aura puisé à une vaste source de merveilleux et d’un merveilleux tout vraisemblable. En substituant toujours des idées aux personnages, en subordonnant l’action et les caractères à la thèse qu’il soutient, il aura trouvé un moyen de saisir, de remuer les imaginations, et de hâter les progrès de l’humanité (Félix Bodin, 1931, p. 14)
la conquête de l’espace commence toujours sur Terre, dans le désir et l’imaginaire, les rêves et les peurs des humains (p. 50)
- des idées fortes : par exemple, la notion
de Greater Earth :
Greater Earth désigne le territoire spatial qui entoure la Terre et où pourraient se dérouler la plupart des activités spatiales futures, sans demander une dépense énergétique trop importante. […] Pour les experts réunis par l’ESA, le prochain pas logique de l’entreprise spatiale, de l’utilisation rationnelle de l’espace par notre civilisation pourrait se trouver dans l’aménagement de ce domaine de Greater Earth. Un pas logique, d’abord pour des raisons d’utilité, ensuite parce qu’il est raisonnable en matière de maîtrise des systèmes technologiques, enfin parce que l’être humain qui sera à termes utile dans ces systèmes n’écrasera pas les missions avec ses contraintes propres (p. 36-7)
Mais peut-être aussi une petite déception pour le
néophyte enthousiaste que j’étais: la découverte que ce petit livre ressemble
fort à une répétition, certes plus facile d’accès, d’un précédent ouvrage… Il
est vrai que La seconde chance d'Icare. Pour une éthique
de l'espace (2001), fruit d’un travail de
collaboration au sein du CNES, mérite d’être connue d’un plus large public afin
de susciter un véritable débat de société. (Aussi ce livre vient-il d’ailleurs
d’être récemment publié dans une édition augmentée, anglophone, intitulée Icarus' Second Chance: The Basis and
Perspectives of Space Ethics, 2011.) Cette merveilleuse
Brève Histoire de l’Espace y
contribuera certainement.
Pour aller plus loin : « Espace et éthique » (vidéo) et « L’éthique, une nouvelle frontière pour l’aventure spatiale ? » (.pdf).
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