mardi 27 mars 2012

Quand la France rêve d’espace

Ariane 5 emporte l’ATV-3
Ariane 5 emportant l'ATV Edoardo Amaldi 

Le ministre en charge de l’espace, Laurent Wauquiez, a présenté jeudi dernier la Stratégie spatiale française : un document (.pdf) de vingt pages qui, tout en rappelant les grands principes guidant la politique spatiale française depuis 50 ans, vise à reformuler les relations entre les pays membres de l’Agence spatiale européenne – notamment en ce qui concerne la règle du « juste retour » géographique – quelques semaines avant les élections présidentielles,  et un peu moins de huit mois avant la conférence ministérielle de l’ESA qui décidera des prochains programmes à financer (la moindre des décisions à prendre concernera la suite à donner à l’ATV à laquelle nous avions déjà fait référence ici).

Une rubrique internet très complète a même été ouverte à l’occasion. 

Tout comme le Président Nicolas Sarkozy qui appelait fin 2011 à « une politique industrielle européenne plus claire » et à moins de « naïveté » de la part des Européens, Laurent Wauquiez a revendiqué la préférence européenne en matière d’accès à l’espace. La vérité toutefois est que « [n]ous ne pouvons pas nous payer en Europe le luxe de dupliquer inutilement nos compétences ». Aussi la France souhaite-elle assouplir les règles de retour géographique, c’est-à-dire financier, industriel et social, de l’ESA par une « application mesurée des règles de concurrence de l’UE ». Il faut en effet maintenir à tout prix l’expertise technologique française et parfois préférer la compétence à la nationalité. Pour cela, le ministre a annoncé la création d’un comité de concertation de la politique spatiale « mis en place pour faciliter cet échange d’informations entre la puissance publique et l’industrie spatiale » (voir détails ici).

A ce sujet et concernant l’espace militaire, le rapport indique vouloir « faire jouer, chaque fois que possible, la dualité des systèmes spatiaux ». Cette annonce prend place quelques jours après la visite, le 6 mars, du ministre de la Défense, Gérard Longuet, sur les sites d’Astrium et de Thales de Toulouse durant laquelle a été réaffirmée l’importance des liens entre la défense et le spatial, et ce alors que EADS a déplacé son siège social dans la capitale occitane. Lors d’une allocution sur « la politique spatiale de défense et sa relation à la filière industrielle », à la chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Toulouse, le ministre a ainsi plaidé pour « plus de synergies entre le civil et le militaire ». Pour une revue (Hélios, etc.) de ce qui a été dit – pensez-vous : il a même été question de la base de Francazal – les détails sont ici et . Je saisis aussi l’occasion pour mentionner l’existence d’un tout nouveau et très intéressant dossier « espace militaire » sur le site du ministère.

Il n’est pas dans mes intentions de faire dans ce billet le bilan du premier mandat Sarkozy concernant le spatial, le Livre Blanc, etc. Tout au plus rappellerai-je brièvement et pour finir quelques-uns des grands moments, qu’il s’agisse d’événements ou de grandes publications, qui ont été consacrés au spatial durant ces cinq dernières années.

Ainsi des deux discours prononcés par Nicolas Sarkozy au Centre spatial Guyanais le 11 février 2008 et au centre CNES de Toulouse le 22 novembre dernier (voir ici) pour fixer les grands axes de la politique spatiale française. Ainsi également de la très spéciale année 2011 : au cinquantenaire de la création du CNES, se sont ajoutés le lancement réussi du premier Soyouz guyanais, de même que la mise en orbite des deux premiers satellites de la future constellation Galileo. 


Outre l’adoption en 2008 d’une loi relative aux opérations spatiales, je n’oublie pas non plus le rapport remis au Premier ministre en mai 2009 par MM. Yannick d'Escatha, Laurent Collet-Billon et Bernard Bigot, respectivement président du CNES, délégué général pour l’armement et directeur général du CEA, sur l’avenir de la filière européenne des lanceurs spatiaux (.pdf). Plus récemment, une réflexion, intitulée « Une ambition spatiale pour l’Europe. Vision française à l’horizon 2030 », a également été conduite sous l’autorité du Centre d’analyse stratégique (.pdf).

Mais si la France parvient à concrétiser ses rêves d’espace, c’est aussi grâce aux hommes qui incarnent l’effort spatial au quotidien : ceux-là même qui ont « fait de la conquête spatiale une réalité » et que le président avait salués pour leur « travail patient, visionnaire et minutieux, rigoureux à l'extrême ». Ce modeste billet vise à rappeler que cette soirée leur est consacrée. 

France 2 et Michel Drucker vous proposent en effet de passer « une nuit dans l’espace » ce soir à partir de 20h35. L’animateur vedette de France 2 y célèbrera les 50 ans de la conquête spatiale française et européenne au cours d’une émission exceptionnelle. On ne nous épargnera sans doute pas quelques fioritures. Toutefois, étant donné la diversité des lieux et des acteurs engagés (CNES, Astrium, CIE, etc.), le propos devrait être intéressant et vivant, concret et pratique. Vous pourrez notamment entendre les témoignages des neuf spationautes français : Jean-Loup Chrétien, Patrick Baudry, Jean-Pierre Haigneré, Claudie Haigneré, Michel Tognini, Léopold Eyharts, Philippe Perrin, Jean-Jacques Favier et Jean-François Clervoy. André Kuipers, actuellement à bord de l’ISS, sera également de la partie.


Un livetweet commun sera organisé pendant la durée de l’émission sur @esa_fr, @cnes_france, @arianespace et @france2tv. Le hastag officiel est #danslespace


1 commentaire:

  1. Merci pour ce billet fort instructif sur la politique spatiale française.

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