Ariane 5 emportant l'ATV Edoardo Amaldi |
Le ministre en charge de l’espace, Laurent Wauquiez, a
présenté jeudi dernier la Stratégie
spatiale française : un document (.pdf)
de vingt pages qui, tout en rappelant les grands principes guidant la politique
spatiale française depuis 50 ans, vise à reformuler les relations entre les
pays membres de l’Agence spatiale européenne – notamment en ce qui concerne la
règle du « juste retour » géographique – quelques semaines avant les
élections présidentielles, et un peu
moins de huit mois avant la conférence ministérielle de l’ESA qui décidera des
prochains programmes à financer (la moindre des décisions à prendre concernera
la suite à donner à l’ATV à laquelle nous avions déjà fait référence ici).
Une rubrique
internet très complète a même été ouverte à l’occasion.
Tout comme le Président Nicolas Sarkozy qui appelait fin
2011 à « une politique industrielle
européenne plus claire » et à moins de « naïveté » de la
part des Européens, Laurent Wauquiez a revendiqué la préférence européenne en matière
d’accès à l’espace. La vérité toutefois est que « [n]ous ne pouvons pas nous payer en Europe le luxe de dupliquer
inutilement nos compétences ». Aussi la France souhaite-elle assouplir
les règles de retour géographique, c’est-à-dire financier, industriel et
social, de l’ESA par une « application
mesurée des règles de concurrence de l’UE ». Il faut en effet
maintenir à tout prix l’expertise technologique française et parfois préférer la
compétence à la nationalité. Pour cela, le ministre a annoncé la création d’un
comité de concertation de la politique spatiale « mis en place pour faciliter cet échange d’informations entre la
puissance publique et l’industrie spatiale » (voir détails ici).
A ce sujet et concernant l’espace militaire, le rapport indique
vouloir « faire jouer, chaque fois
que possible, la dualité des systèmes spatiaux ». Cette annonce prend
place quelques jours après la visite, le 6 mars, du ministre de la Défense,
Gérard Longuet, sur les sites d’Astrium et de Thales de Toulouse durant
laquelle a été réaffirmée l’importance des liens entre la défense et le
spatial, et ce alors que EADS a déplacé son siège social dans la capitale
occitane. Lors d’une allocution sur « la politique spatiale de
défense et sa relation à la filière industrielle », à la chambre de
commerce et d'industrie (CCI) de Toulouse, le ministre a ainsi plaidé pour « plus de synergies entre le civil et le militaire
». Pour une revue (Hélios, etc.) de ce qui a été dit – pensez-vous : il a
même été question de la base de Francazal – les détails sont ici et là. Je saisis aussi
l’occasion pour mentionner l’existence d’un tout nouveau et très intéressant dossier
« espace militaire » sur le site du
ministère.
Il n’est pas dans mes intentions de faire dans ce
billet le bilan du premier mandat Sarkozy concernant le spatial, le Livre Blanc, etc. Tout au plus rappellerai-je
brièvement et pour finir quelques-uns des grands moments, qu’il s’agisse
d’événements ou de grandes publications, qui ont été consacrés au spatial
durant ces cinq dernières années.
Ainsi des deux discours prononcés par Nicolas
Sarkozy au Centre spatial Guyanais le 11 février 2008 et au centre CNES de
Toulouse le 22 novembre dernier (voir ici)
pour fixer les grands axes de la politique spatiale française. Ainsi également
de la très spéciale année 2011 : au cinquantenaire de la création du CNES, se
sont ajoutés le lancement réussi du premier Soyouz guyanais, de même que la
mise en orbite des deux premiers satellites de la future constellation Galileo.
Outre l’adoption en 2008 d’une loi relative aux opérations
spatiales, je n’oublie pas non plus le rapport remis au Premier ministre en mai 2009 par
MM. Yannick d'Escatha, Laurent Collet-Billon et Bernard Bigot, respectivement
président du CNES, délégué général pour l’armement et directeur général du CEA,
sur l’avenir de la filière européenne des lanceurs spatiaux (.pdf).
Plus récemment, une réflexion, intitulée « Une ambition spatiale pour
l’Europe. Vision française à l’horizon 2030 », a également été conduite
sous l’autorité du Centre d’analyse stratégique (.pdf).
Un livetweet commun sera organisé pendant la durée de l’émission sur @esa_fr, @cnes_france, @arianespace et @france2tv. Le hastag officiel est #danslespace.
Mais
si la France parvient à concrétiser ses rêves d’espace, c’est aussi grâce aux
hommes qui incarnent l’effort spatial au quotidien : ceux-là même qui ont
« fait de la conquête spatiale une réalité » et que le président avait
salués pour leur « travail patient, visionnaire et minutieux,
rigoureux à l'extrême ». Ce modeste billet
vise à rappeler que cette soirée leur est consacrée.
France 2 et Michel Drucker vous proposent en effet de passer
« une
nuit dans l’espace » ce soir à partir de 20h35. L’animateur vedette de
France 2 y célèbrera les 50 ans de la conquête spatiale française et européenne
au cours d’une émission exceptionnelle. On ne nous épargnera sans doute pas quelques fioritures. Toutefois, étant donné la diversité des lieux et des acteurs engagés (CNES, Astrium, CIE, etc.), le propos devrait être intéressant et vivant, concret et pratique. Vous pourrez
notamment entendre les témoignages des neuf spationautes français : Jean-Loup
Chrétien, Patrick Baudry, Jean-Pierre Haigneré, Claudie Haigneré, Michel
Tognini, Léopold Eyharts, Philippe Perrin, Jean-Jacques Favier et Jean-François
Clervoy. André Kuipers, actuellement à bord de l’ISS, sera également de la
partie.
Un livetweet commun sera organisé pendant la durée de l’émission sur @esa_fr, @cnes_france, @arianespace et @france2tv. Le hastag officiel est #danslespace.
Merci pour ce billet fort instructif sur la politique spatiale française.
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