C’est entouré de neuf astronautes français que Michel
Drucker a célébré mardi 27 mars les 50 ans de la conquête spatiale au cours
d’une émission spéciale de 2h15 diffusée sur France 2. Cette « Nuit dans
l’espace » s’inscrit dans la continuité des émissions thématiques
(« Une Nuit sur le Charles de Gaulle », « Une Nuit sous les
mers », « Au cœur de l’armée de terre, de l’air, etc. ») organisées, selon les propres mots du producteur, dans le but de « faire connaître de manière
divertissante les institutions aux téléspectateurs français, sans que cela soit
ennuyeux ».
Le pari est semble-t-il réussi. « On était, estime le blog Un autre regard sur la Terre, dans la catégorie des très bonnes émissions
de vulgarisation ». « Michel
Drucker et ses invités sont parvenus à expliquer de manière à la fois simple et
rigoureuse le fonctionnement de la fusée Ariane, les préparatifs d’un lancement
à Kourou, la mise en orbite d’un satellite, la vie dans la station spatiale
internationale, le rôle des satellites pour la défense, l’entraînement au
centre des astronautes européens, etc. »
Pour (re)voir l’émission, suivre le lien.
Financée à hauteur de 50% (400 000€) par les acteurs du
spatial français (Astrium, Safran, Thales, Arianespace, CNES), et d’ailleurs
enregistrée sur le site d’Astrium des Mureaux, cette émission visait à « faire connaître le travail qu'ils
font, d'informer les députés qui votent les budgets pour la recherche pour
l'espace, d'expliquer aux Français à quoi cela sert et, enfin, de donner envie
aux jeunes, notamment ingénieurs, de s'investir dans l'espace plutôt que
d'aller dans la finance » et de « valoriser et rendre forte la marque 'espace' dans une grande émission ».
Cependant, et dans cette perspective, j’aurais sans doute apprécié qu’une plus
grande visibilité soit directement accordée à ces acteurs. C’est notamment le
cas du CNES qui n’a malheureusement eu droit qu’à quelques minutes en fin
d’émission ; et je ne suis pas certain que le téléspectateur ait saisi de
quoi il en retournait ni même qu’on fêtait là le cinquantenaire du spatial
français (sur la visibilité du CNES, voir ce précédent
billet). A noter toutefois que le ministère de la défense – la France,
troisième puissance spatiale – a réussi à placer un reportage très intéressant
en toute fin de soirée. Reconnaissons également la difficulté de la
tâche : aussi bien la richesse du sujet que le nombre d’acteurs impliqués
rendent ce genre d’émission difficile à organiser.
Venons-en maintenant au point qui a beaucoup préoccupé les
« fanas » d’espace : la présence des « personnalités du
showbiz », ces chanteurs, acteurs, etc., incarnées ce soir là par Shy’m,
Christophe Willem, Nathalie Simon et Mireille Darc, plus quelques autres sur le
plateau. Pour ma part, je dois reconnaître être parti avec quelques préjugés
mais avoir été – sauf intermèdes musicaux et promo – agréablement surpris par
l’excellente prestation des intervenants et la très bonne tenue des reportages.
Je dis cela d’autant plus sérieusement que je suis convaincu
par la nécessité d’un rapprochement entre les acteurs du spatial et les
célébrités en tout genre. J’ai ainsi trouvé le vol
parabolique de Shy’m dans l’avion Zéro-G très bien vu. Le reportage a
constitué un moment fort de l’émission et restera sans doute d’autant plus longtemps dans
l’esprit des téléspectateurs que la chanteuse est apparue enthousiasmée par son expérience.
Si jamais le tourisme spatial veut devenir une réalité –
c’est-à-dire si les sociétés concernées (Astrium en
fait partie) veulent non seulement susciter l’intérêt, mais aussi convaincre
les gens, leur prouver que le spectacle vaut le prix du billet et que la sûreté
n’est pas à un problème – alors il lui faudra obtenir l’aide des
« stars ». Ces dernières sont certainement le mieux placées pour
indiquer le chemin, je tente le jeu de mots, des étoiles. Elles incarnent un premier
pas vers la démocratisation de l’accès à l’espace. Selon un expert, « If
there's more interest, there are more customers. If there are more customers,
there's more technical development. It's a positive feedback loop, and
obviously that's good ». Virgin Galactic l’a compris et l’a
d’ailleurs vite intégré à sa stratégie marketing. Récemment l’entreprise de
Richard Branson n’a ainsi pas hésité à rendre public la vente
d’un billet à l’acteur Ashton Kutcher, qui plus est son 500e. Qu’attendons-nous
donc pour mettre Justin
Bieber en orbite ?
Reste une déception. Cette « Nuit dans l’espace »
n’a malheureusement pas
réussi à séduire le public français qui lui a préféré les programmes des
trois autres grandes chaînes (TF1, F3 et M6). L’émission n’est parvenue à
attirer que 1 831 000 personnes, soit 7,4% de part de marché, loin
derrière Docteur House et ses 7,82 millions de téléspectateurs. C’est bien peu
pour une première partie de soirée sur la chaîne publique.
Source Images
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