jeudi 10 mai 2012

Contre l’exploration spatiale (sic) : six raisons pour lesquelles l’homme ne doit pas quitter le berceau terrien (Partie 1)

Enterprise
La Terre est le berceau de l’humanité, 
mais on ne passe pas sa vie entière dans un berceau.

… à moins que comme Hercule-enfant des serpents ne viennent nous chercher noise – il est vrai un poncif du cinéma hollywoodien de science-fiction, qu’il s’agisse d’extra-terrestres désireux d’étendre leur Lebensraum au détriment de nous autres humains (Independence Day, 1996 ; Transformers, 2007-2011 ; Skyline, 2010 ; Battle: Los Angeles, 2011 et récemment encore Battleships, 2012) ou d’astéroïdes pressés de bousculer une fois encore la Terre et ses habitants (Armageddon, 1998 ; Deep Impact, 1998 ou de manière plus originale Melancholia, 2011). Pourquoi, pourquoi ne pouvons-nous pas rester sur Terre ?

Ce qui suit se veut bien entendu léger et amusant. Pour autant notre interrogation est loin d’être gratuite : la question est après tout légitime et vaut la peine d’être posée. L’exploration spatiale repose en effet sur les épaules du contribuable et doit donc en conséquence faire l’objet d’un débat au sein de la Cité. Encore que les termes de celui-ci soient légèrement biaisés : contrairement à la vision défendue par quelques-uns, ainsi de Carl Sagan et de Wernher von Braun, l’avenir spatial de l’humanité n’a rien d’inévitable ni de naturel. Une telle image ne peut reposer que sur une construction qui, pour être agréable, n’en est pas moins artificielle, comme l’extraordinaire récit produit par le politologue américain Howard E. McCurdy, Space and the American Imagination, peut en témoigner.

Sans plus attendre…

1) (Dure) retour à la réalité

L’espace n’a rien de romantique. Bien entendu l’analogie de la Nouvelle Frontière nous a préparé aussi bien à l’idée que la conquête du cosmos est faisable, qu’à celle selon laquelle elle ne sera pas pour autant facile. Et nous en apprenons tous les jours sur ce très vaste et largement inexploré sujet de l’adaptation humaine à l’espace : outre les problèmes psychologiques inhérents à la cohabitation dans un espace contigu et étroit (tensions entre explorateurs, routine des repas où la nourriture n’est pas très variée, confort étranger à la vie terrestre – hygiène, sommeil, etc.), auxquels s’ajoutent l’éloignement de la Terre et la difficulté de communication avec celle-ci, existent également les quelques impondérables physiques auxquels nous autres pauvres mammifères ne sommes pas habitués (vie en faible gravité, mal de l’espace, conséquences musculaires et squelettiques).
Les colonies spatiales, imaginées par Gerard O'Neill
2) Une entreprise risquée

Reste que l’avènement de l’Homo Cosmos ne peut pas tout résoudre : en effet, le voyage spatial peut aussi réserver de mauvaises surprises en lui-même. Ainsi, Han Solo a beau disposé d’un magnifique Faucon Millenium qu’il répare, avec l’aide de son fidèle second, Chewbacca, au fond de son garage, comme vous et moi le feriez de votre moto ou de votre voiture, la réalité est bien évidemment différente. Et de ce point de vue, la fiction a encore beaucoup à faire pour rattraper les faits même si l’effort est apprécié, que celui-ci ait pour objet les alentours de la Lune, avec l’équipage de Destination Moon (1950) ou Tintin et ses amis (1954), ou de Mars, avec les astronautes de Mars-1 victimes d’une éruption solaire aussi soudaine que violente dans Red Planet (2000) ou ceux de Mars-II pris au piège d’une pluie de météorite dans Mission to Mars (2000). La preuve, un film a même été produit : Apollo 13 (1995). Pour rappel, la mission Apollo 13 a décollé le 11 avril 1970 de son pas de tir en direction de la Lune. Elle n’a cependant jamais pu atteindre sa destination ; en cause : l’explosion de l’un des réservoirs d’oxygène. L’appel lancé par l’astronaute Jim Lovell est resté célèbre : « Houston, we‘ve had a problem ». Tout aussi fameux a été l’exploit qui a consisté à ramener l’équipage sain et sauf, en lui faisant faire, non pas un demi-tour, mais un survol orbital de la Lune afin de donner l’impulsion nécessaire au vaisseau pour rentrer sur Terre. Pour Lovell, Apollo 13 a été « a successful failure » ; pour les Américains, paradoxalement, cela n’a rendu que plus forte la confiance en la NASA et en ses « space geeks » que sont les ingénieurs du programme spatial américain.


3) Un voyage solitaire

Il faut cependant noter que le trio d’astronautes d’Apollo 18 (2011) n’a guère fait mieux. La raison est à chercher ailleurs, du côté d’un film bien meilleur dont la suite est d’ailleurs attendue cette année : Alien (1979) ; tout simplement, le fait que « in space, no one can hear you scream ». Encore que la vérité soit plus terrible encore : dans l’espace, la solitude nous guette. Telle est ainsi l’expérience vécue par Sam Bell, un employé d’une entreprise d’extraction d’hélium 3, dans Moon (2009). Telle est aussi, et de manière beaucoup plus intéressante à mon avis, l’histoire que raconte Solaris (1972), un film réalisée par Andreï Tarkovski dans lequel le héros entretient une relation avec une entité intelligente qui le dépasse et des souvenirs qui deviennent réalité.


A suivre...

3 commentaires:

  1. Bonjour à l'aimable auteur de ce blog. Je lui propose une réponse très partielle à ce billet en affrontant la question de l'exploitation des ressources spatiales sous un autre angle. Vivement la seconde partie !

    Cordialement

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  2. Une réponse d'autant plus intéressante pour les lecteurs de ce blog qu'il y est question de stratégie spatiale (et d'analogie avec le sea power). Je signale le lien tout de même. Merci pour ce billet Marquis !

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  3. Au plaisir ! Je n'aurais jamais rien pondu de tel si je n'avais pas été stimulé par le tiens ! Allez, on se répondra bientôt de nouveau, je t'avais parlé d'un autre truc rigolo. Bon début de semaine et merci du RT !

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