La Terre est le berceau de l’humanité,
mais on ne passe pas
sa vie entière dans un berceau.
… à moins que comme Hercule-enfant des serpents ne viennent
nous chercher noise – il est vrai un poncif du cinéma hollywoodien de
science-fiction, qu’il s’agisse d’extra-terrestres
désireux d’étendre leur Lebensraum au
détriment de nous autres humains (Independence
Day, 1996 ; Transformers, 2007-2011 ; Skyline, 2010 ;
Battle: Los Angeles, 2011 et
récemment encore Battleships, 2012) ou d’astéroïdes pressés
de bousculer une fois encore la Terre et ses habitants (Armageddon, 1998 ; Deep Impact, 1998 ou de
manière plus originale Melancholia, 2011). Pourquoi,
pourquoi ne pouvons-nous pas rester sur Terre ?
Ce qui suit se veut bien entendu léger et amusant. Pour
autant notre interrogation est loin d’être gratuite : la question est
après tout légitime et vaut la peine d’être posée. L’exploration spatiale
repose en effet sur les épaules du contribuable et doit donc en conséquence
faire l’objet d’un débat au sein de la Cité. Encore que les termes de celui-ci soient légèrement biaisés : contrairement à la vision défendue par
quelques-uns, ainsi de Carl
Sagan et de Wernher
von Braun, l’avenir spatial de l’humanité n’a rien d’inévitable ni de
naturel. Une telle image ne peut reposer que sur une construction qui, pour
être agréable, n’en est pas moins artificielle, comme l’extraordinaire récit
produit par le politologue américain Howard E. McCurdy, Space and the American Imagination,
peut en témoigner.
Sans plus attendre…
1) (Dure) retour à la
réalité
L’espace n’a rien de romantique. Bien entendu l’analogie de
la Nouvelle Frontière nous a préparé aussi bien à l’idée que la conquête du
cosmos est faisable, qu’à celle selon laquelle elle ne sera pas pour autant
facile. Et nous en apprenons tous les jours sur ce très vaste et largement
inexploré sujet de l’adaptation
humaine à l’espace : outre les problèmes psychologiques inhérents à la cohabitation
dans un espace contigu et étroit (tensions
entre explorateurs, routine des repas où la nourriture n’est pas très variée,
confort étranger à la vie terrestre – hygiène, sommeil, etc.), auxquels
s’ajoutent l’éloignement de la Terre et la difficulté de communication avec
celle-ci, existent également les quelques impondérables physiques auxquels nous
autres pauvres mammifères ne sommes pas habitués (vie en faible
gravité, mal de l’espace, conséquences musculaires et squelettiques).
Les colonies spatiales, imaginées par Gerard O'Neill |
2) Une entreprise
risquée
Reste que l’avènement de l’Homo Cosmos ne peut pas tout résoudre : en effet, le voyage
spatial peut aussi réserver de mauvaises surprises en lui-même. Ainsi, Han Solo a beau disposé
d’un magnifique Faucon Millenium qu’il répare, avec
l’aide de son fidèle second, Chewbacca, au fond de son garage, comme vous et
moi le feriez de votre moto ou de votre voiture, la réalité est bien
évidemment différente. Et de ce point de vue, la fiction a encore beaucoup à
faire pour rattraper les faits même si l’effort est apprécié, que celui-ci ait
pour objet les alentours de la Lune, avec l’équipage de Destination Moon (1950) ou Tintin
et ses amis (1954), ou de Mars, avec les astronautes de Mars-1 victimes d’une éruption solaire aussi
soudaine que violente dans Red Planet (2000) ou ceux de Mars-II pris
au piège d’une pluie de météorite dans Mission to Mars (2000). La preuve,
un film a même été produit : Apollo 13 (1995). Pour rappel, la mission Apollo 13 a décollé le 11 avril 1970 de
son pas de tir en direction de la Lune. Elle n’a cependant jamais pu atteindre
sa destination ; en cause : l’explosion de l’un des réservoirs d’oxygène. L’appel
lancé par l’astronaute Jim Lovell est resté célèbre : « Houston,
we‘ve had a problem ». Tout aussi fameux a été l’exploit qui a
consisté à ramener l’équipage sain et sauf, en lui faisant faire, non pas un
demi-tour, mais un survol orbital de la Lune afin de donner l’impulsion
nécessaire au vaisseau pour rentrer sur Terre. Pour Lovell, Apollo
13 a été « a successful failure »
; pour les Américains, paradoxalement, cela n’a rendu que plus forte la
confiance en la NASA et en ses « space
geeks » que sont les ingénieurs du programme spatial américain.
3) Un voyage solitaire
Il faut cependant noter que le trio d’astronautes d’Apollo
18 (2011) n’a guère fait mieux. La raison est à chercher ailleurs, du
côté d’un film bien meilleur dont la suite est d’ailleurs attendue cette année : Alien (1979) ; tout simplement, le fait que « in
space, no one can hear you scream ». Encore que la vérité soit plus
terrible encore : dans l’espace, la solitude nous guette. Telle est ainsi l’expérience
vécue par Sam Bell, un employé d’une entreprise d’extraction d’hélium 3, dans Moon (2009). Telle est aussi, et de
manière beaucoup plus intéressante à mon avis, l’histoire que raconte Solaris (1972), un film réalisée par Andreï
Tarkovski dans lequel le héros entretient une relation avec une entité intelligente
qui le dépasse et des souvenirs qui deviennent réalité.
A suivre...
Bonjour à l'aimable auteur de ce blog. Je lui propose une réponse très partielle à ce billet en affrontant la question de l'exploitation des ressources spatiales sous un autre angle. Vivement la seconde partie !
RépondreSupprimerCordialement
Une réponse d'autant plus intéressante pour les lecteurs de ce blog qu'il y est question de stratégie spatiale (et d'analogie avec le sea power). Je signale le lien tout de même. Merci pour ce billet Marquis !
RépondreSupprimerAu plaisir ! Je n'aurais jamais rien pondu de tel si je n'avais pas été stimulé par le tiens ! Allez, on se répondra bientôt de nouveau, je t'avais parlé d'un autre truc rigolo. Bon début de semaine et merci du RT !
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