(Presque) toucher les étoiles !
Le potentiel est en effet gigantesque ! Telle était déjà la conclusion d’un rapport de la compagnie Futron de 2002, intitulé Space Tourism Market Study. Selon Futron, d’ici 2021, plus de 15 000 passagers prendront leurs billets annuellement pour un total de 700 millions à 1 milliard de dollars. Le chiffre est certainement optimiste. Mais il est clair que le tourisme spatial a de beaux jours devant lui.
L’important est que les publications de ces différentes statistiques ont su convaincre les investisseurs. Sans doute ne leur ont-t-ils pas échappé que le nombre de millionnaires dans le monde allait en augmentant au fur et à mesure qu'émergeaient de nouvelles puissances. Déjà les foules se pressent au portillon. En effet, dans la foulée du X-Prize, l’effet de notoriété a fonctionné à plein régime…
En témoigne ces individus qui n’hésitent pas à acheter des billets alors même que la technologie n’est toujours pas prête et qu’aucun calendrier n’existe pour des vols opérationnels. Virgin Galactic a su en bénéficier : son marketing spectaculaire a réussi à attirer plus de 38 000 candidatures et 430 futurs touristes ayant d’ores et déjà payé leurs 200 000 dollars (les prix se tassent à partir des 100 premiers sièges – candidats fondateurs –, de 100 à 400 – candidats pionniers –, l’acompte n’est plus que de 150 000 dollars, à partir de 400, nous tombons à 20 000 dollars).
L’exemple a fait florès et la tendance a été de nouveau confirmée par les décisions politiques de l’administration Obama en faveur de vols de routines privatisés en direction de la LEO. La semaine dernière, l’Agence spatiale américaine a annoncé s’être offerte les services de sept sociétés privées, sous condition qu’elles parviennent à rendre opérationnels les avions spatiaux que chacune d’entre elles développe. Parmi elles : Armadillo Aerospace, Near Space Corp., Masten Space Systems, Up Aerospace Inc., Virgin Galactic, Whittinghill Aerospace LLC et XCOR.
Le calendrier semble chaque année reculer, mais le nombre des principaux acteurs de cette nouvelle course à l’espace témoigne bien de l’importance des enjeux. Trois modèles technologiques se dessinent peu à peu.
1) Le premier s’appuie sur l’idée de petits lanceurs poussant jusqu’à 100 km d’altitude. C’est le modèle le plus simple : la technologie existe déjà (les fusées), mais c’est aussi le plus coûteux sur le long terme.
2) Une autre approche considère un avion porteur avec une fusée placée sous les ailes ou posée sur le dos et larguée à 10 km d’altitude. Les contraintes opérationnelles sont élevées. En outre, à terme, le modèle bloquera sur l’industrialisation des gros avions-porteurs trop coûteuse d’un point de vue investissement. Il s’agit cependant du modèle le plus avancé, notamment développé par Virgin Galactic et son très médiatique SpaceShipTwo. Sur le marché, on trouve également, comme un lecteur nous l’avait rappelé, Dassault et son projet d’aéronef suborbital habité VSH.
3) Le troisième et dernier modèle incarne sans doute l’avenir. Il s’agit de construire un avion spatial : un jet de l’espace. Ici, l’appareil ne nécessite aucune infrastructure spécifique. L’envers du décor (ses faiblesses dans l’immédiat) est le prix de développement. Ce modèle constitue en réalité un pari sur l’avenir, en aucun cas un exemple de développement à court terme. Cela n’empêche pas XCOR Aerospace de préparer un véhicule de ce type capable de grimper jusqu’à 60 km d’altitude. Ce concept est également utilisé – sur le papier – par Astrium et son spaceplane.
Perspectives ?
Une menace plane toutefois sur ce nouveau marché : celui d’un accident mortel. Si un tel accident survenait, alors ce serait certainement la fin immédiate du tourisme spatial et de l’essor dont nous sommes aujourd’hui les témoins… du moins avant longtemps.
Pour aller plus loin, je ne peux que conseiller l’écoute des podcasts de Ciel et Espace, notamment ici et là. Sur l’industrie du tourisme spatial, voir aussi Erik Seedhouse, Tourists in Space: A Practical Guide, 2008 (pour une revue critique, ici).
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