Pendant que nous votons (!!!) en France, un drôle de manège s’effectue dans le ciel des
Etats-Unis.
Un an après la mission STS-133, la navette spatiale Discovery a en effet réalisé cette
semaine son dernier vol. Après avoir quitté le Centre spatial Kennedy, Floride,
pour Washington qu’elle a survolé sur le dos d’un Boeing 747 pendant près de 45
minutes, elle a finalement rejoint les collections du Musée national
de l’air et de l’espace de la Smithsonian Institution.
Discovery a par
ailleurs croisé la navette prototype Enterprise elle-même en route, sauf imprévus
météorologiques, vers New York où l’attendent les visiteurs du musée de la ville dédié à
l’histoire maritime, aérospatiale et militaire des Etats-Unis après
quelques années passées au Smithsonian. Quant aux deux autres navettes,
Endeavour et Atlantis, elles rejoindront très prochainement le musée
scientifique de Los Angeles, Californie, et le Centre
des visiteurs du KSC, Floride.
Pour plus d’images, voir les deux
reportages photos du Washington Post,
« Discovery
flies over the D.C. area » du 17 avril et « Smithsonian
welcomes space shuttle Discovery » daté du 19. Voir également la
galerie Flickr
de la NASA.
Ces images ont provoqué un enthousiasme et un regain
d’intérêt certains, tout comme elles n’ont évidemment pas manqué de susciter la
polémique. Charles Krauthammer du Washington
Post a profité de l’événement pour tirer à boulets rouges sur l’administration
Obama en publiant une colonne
incendiaire ce vendredi. Pour le commentateur conservateur, la mise au
musée de Discovery équivaut aux funérailles du programme spatial
américain. « Is there a better symbol of willed American
decline? The pity is not Discovery’s retirement — beautiful as it was, the
shuttle proved too expensive and risky to operate — but that it died without a
successor » écrit-il ainsi. Des propos que Panama Hat lui-même
n’aurait sans doute pas contredits. Qu’en est-il du Space Launch System
(SLS), du Multi-Purpose Crew Vehicle (MPCV) et des plans de la NASA pour
envoyer une mission vers un astéroïde d’ici 2025 ? Les réalités budgétaires étant ce qu’elles
sont, Krauthammer est sceptique : « Considering that Constellation did not last even five years between
birth and cancellation, don’t hold your breath for the asteroid landing ».
Quant aux nouvelles entités commerciales, c’est très bien, mais ce qui
est importe, ce n’est pas tant le transport de marchandises que le symbole ;
et sur ce point, « manned flight is
infinitely more complex and risky, requiring massive redundancy and inevitably
larger expenditures ».
La réaction de la Maison Blanche n’a pas tardé. Le directeur
de la NASA, Charles Bolden, et John Holdren du Office of Science and Technology
Policy ont tous deux signé une
tribune diffusée sur internet dans laquelle il note que « nothing could be further from the truth ».
Pour eux, cette caractérisation est tout sauf justifiée : les Chinois sur
la Lune en 2025 ? « How absurd! Neil Armstrong and Buzz Aldrin
walked on the Moon in 1969. How does China managing this feat fifty-six years
later, if this happens, amount to “overtaking” us? ». La fin du
programme Shuttle ? « it
was President Bush, not President Obama who ended the shuttle program ». La
suppression du programme Constellation ?
Nécessaire, car « behind schedule
and over budget » : « we have kept
the parts of it that made sense ». Reste une question : pourquoi être ainsi descendu dans
l’arène ? Selon le blog Space Politics, « It suggests that the
administration is perhaps a little sensitive to criticism of this era of
transition for human spaceflight, particularly in an election year ».
~ ** ~
A propos du futur du programme spatial américain, je
rappelle que le 30 avril prochain SpaceX (10 ans d’existence !) procèdera
au premier
lancement de la capsule Dragon en
direction de l’ISS. J’en profite également pour signaler l’apparition d’une
nouvelle star-up spatiale dont
l’annonce officielle devrait être faite mardi.
Quelques détails ont d’ores et déjà filtré, notamment en ce qui concerne l’exploitation
minière d’astéroïdes. Comme il est désormais d’usage dans l’espace (voir le dernier exemple en date ; d’ailleurs, humour : savez-vous comment devenir millionnaire grâce au spatial ? demandez aux milliardaires qui investissent), Planetary Resources – c’est son nom – inclut
également quelques grands hommes : Larry Page, Eric Schmidt, Charles Simonyi,
Peter Diamandis, et beaucoup d’autres, ainsi qu’une surprise, le cinéaste et
explorateur des fonds marins, James
Cameron. Stay tuned !
Bonsoir au petit LEGO de l'Espace,
RépondreSupprimerJ'aurais aimé savoir si l'aimable tenancier de cette jolie auberge aux étoiles (connaissait Lanfeust, tiens) avait eu la chance de visiter le musée de l'Air et de l'Espace, au Bourget ?
Cordialement
Salutations ! Oui pour Lanfeust, même si la période SF a commencé au moment où ce genre de lecture a cessé de m'intéresser (à moins que ce soit l'absence d'opportunité - d'excuse - une fois le lycée terminé), et non... malheureusement... pour le musée de l'Air et de l'Espace du Bourget : une lacune, je m'en rends maintenant compte.
RépondreSupprimerAu plaisir !