mardi 26 juillet 2011

La fin de la navette spatiale et les militaires : l’autre conséquence…


J’ai longuement parlé sur ce blog de l’émergence de l’espace commercial privé avec la fin de la navette spatiale. Et clairement, quelque chose pouvant être (et ayant été) qualifié de nouvelle course à l’espace – entre acteurs non-étatiques cette fois – est aujourd’hui à l’œuvre. 

Mais la fin de ce programme a aussi une autre conséquence, moins visible celle-ci, mais tout aussi importante : celle touchant à l’aspect militaire du programme spatial américain. Car il ne faut pas l’oublier, la navette spatiale a toujours été un véhicule hybride d’inspiration à la fois civile et militaire.

Dès l’origine, la NASA a essayé de justifier l’investissement auprès des décideurs politiques en s’attachant la complicité du Pentagone. Et effectivement le Département de la Défense a joué un grand rôle dans les négociations qui ont conduit au résultat final.

Par exemple, en 1972, l’USAF avait dans l’idée de voir de futures navettes spatiales décoller de la base militaire de Vandenberg, Californie, déposer leur cargaison en orbite et revenir atterrir une révolution plus tard. Le design de la navette a dû être modifié en conséquent.

Mais l’accident de Challenger en 1986 a mis en déroute l’ensemble de ces plans et la confiance des militaires dans le système a attendu plusieurs années avant d’être renouvelée. Bien sûr, cela n’a pas empêché les Soviétiques de croire dans les performances militaires de la navette jusqu’au bout. En témoigne la réaction extrême incarnée par la tentative Bourane

Quant aux relations entre les militaires et la NASA, il faut attendre l’accident de 2003 pour qu’elles reprennent des forces autour d’un projet commun successeur à la navette. Or désormais, Obama aidant, le modèle choisi par la NASA se jouera en grande partie sans les militaires. Comme nous en parlions déjà ici, la nouvelle approche commerciale revendiquée par l’Agence spatiale civile américaine ne convainc pas tout à fait les militaires qui craignent de devoir financer leurs prochaines fusées seuls.  

D’un autre côté, les militaires sont aussi en train d’expérimenter leur fameux drone spatial, X-37B. Pour certains, une version améliorée de la navette. En réalité, un engin bien différent, plus petit notamment (et qui ne pourra donc pas transporter les satellites qu’il faudra laisser aux fusées) et bien moins cher à faire voler. En bref, le X-37B pourra conduire des missions militaires d’espionnage, voire (?) prendre le chemin d’une arsenalisation de l’espace.

La flexibilité de la navette était son plus gros avantage : un véhicule à la fois commercial et gouvernemental, civil et militaire. L’autre côté de la médaille, c’est que cette innovation datant de la fin des années 1960 a aussi empêché l’émergence de nouvelles machines. Comme l'a résumé un critique, « The best of spacecraft, the worst of spacecraft ». Aujourd'hui peut-être pouvons-nous nous attendre à un renouveau technologique : pour David Axe, Wired, « America’s civil and military space agencies can get about the business of winning the space race, with orbital craft far better suited to the job ».


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